Waugh

Journée Evelyn Waugh à Compiègne, le samedi 14 octobre

Pourquoi est-ce Compiègne dans l’Oise qui honore cette année le grand écrivain britannique, dont les romans ont enchanté et déridé le public anglo-américain, puis européen, entre 1928 et 1958 – avant de connaître aujourd’hui une seconde vie au cinéma ?

Peut-être a-t-on meilleur goût et plus de curiosité en province qu’à Paris ? Ou bien la vieille tradition d’amitié anglaise dans cette ville ?… Les concours hippiques avant 1914, la ligne de front commune de 1914 à 1918, la paroisse anglicane si longtemps vivante sur les avenues ? Il se trouve aussi qu’Evelyn Waugh n’a pas séjourné seulement à Reims (à cause du champagne), mais aussi, trois fois, dans l’Oise, en 1946, 1947 et 1953 (il y a juste 70 ans), au château de Saint-Firmin près de Chantilly, qui était la résidence d’été de l’ambassadeur du Royaume-Uni à Paris.

Anglican, Waugh l’a été avec ferveur dans son enfance, mais la presse londonienne fit un sort, en 1930, à sa conversion au catholicisme, car il était déjà, à 27 ans, l’auteur fameux de Decline and Fall (trad. Grandeur et décadence) et Vile Bodies (trad. Ces Corps vils), deux romans étincelants et hilarants. En 1946, après Brideshead revisited, roman fleuve et mélancolique, la presse parisienne le surnomma pendant quelques mois « le Mauriac anglais ».

En 1965, Evelyn Waugh a défendu, avec toute la passion d’un converti, l’antique liturgie romaine ; il signa, en février 1966, la pétition demandant qu’elle soit du moins maintenue dans les monastères, avec 36 autres personnalités : Borges, Chirico, Dreyer et Bresson, Mauriac et Maritain, …et Montale, le poète italien futur Prix Nobel (1975) et vice-président dès 1967 d’Una Voce/Italia. Paul VI y répondit par des vœux pieux le 15 août (la lettre Sacrificium laudis), mais aucune injonction ferme. Le dimanche de Pâques 1966, Waugh et sa famille ont trouvé un jésuite pour leur dire une messe latine dans une église du Devon ; au retour à la maison, il meurt d’une crise cardiaque, – une mort que cet homme, à l’humeur sombre comme la plupart des grands auteurs comiques, appelait de ses vœux depuis longtemps.

Benoît Le Roux

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