Que peuvent-ils bien trouver à reprocher à l’écrivain Marcel Pagnol et à son œuvre ? Trop enracinés ? Trop franchouillards ? (Définition de mots croisés lue récemment : « franco-français ». Réponse : « franchouillards »).
Nicolas Pagnol, qui est le petit-fils de Marcel Pagnol, et qui, à ce titre, s’occupait du fameux « Château de ma mère », vient d’apprendre, par un simple appel téléphonique, sans autre explication, que la gestion lui en est retirée.
Le château de La Buzine se trouve dans le 11e arrondissement de Marseille. Dans son livre de souvenirs, Le château de ma mère, Marcel Pagnol nous avait faire revivre la transhumance périodique vers la maisonnette où sa famille venait en vacances, et souvent aussi les week-end. Le livre, autobiographique, racontait la route, longue et difficile, pour les enfants, comme pour les parents, avec les bagages. Il existait un raccourci, mais il fallait entrer dans des propriétés privées. Augustine, la maman de Marcel Pagnol, craignait spécialement le gardien du château de La Buzine, que l’on disait terrible, en cas de violation de la propriété.
L’histoire se termine très bien. Mais je défie toute personne normalement constituée qui a lu Le château de ma mère, ou qui a vu le film d’Yves Robert, tiré de cette œuvre, ou les autres adaptations cinématographiques, de pouvoir prétendre qu’il n’a pas eu la larme à l’œil.
Marcel Pagnol, devenu fortuné et très connu (Académicien, auteur de toute une série d’immenses best-sellers du XXe siècle, qui continuent à être réédités), acheta ce château, qui a tellement compté dans la vie de la famille, en espérant en faire le Hollywood français. Le projet n’arriva pas à son terme, mais la ville de Marseille le racheta à son tour, le rénova, et en fit la « Maison des Cinématographies de la Méditerranée ». Le site attire quelque 80000 visiteurs par an, dont 13000 écoliers. De nombreuses animations s’y déroulent régulièrement, et sa notoriété est importante, désormais, au niveau régional, voire national. Ce château est devenu un lieu mythique pour tous les admirateurs de l’œuvre de Pagnol, et pour tous les amoureux de la Provence et du Marseille de jadis.
Aussi cette brutale décision de la mairie socialo-communiste a-t-elle surpris, sidéré, indigné. A-t-on quelque chose à reprocher à Nicolas Pagnol ? A-t-il mal géré ce site ? Non. Sa fréquentation touristique était-elle en chute libre ? Bien au contraire ! Mais peut-être est-ce ce bilan-là que reproche la mairie aux animateurs du château.
Nicolas Pagnol explique : « La mairie de Marseille nous vire pour nous remplacer par une association ouvrière dont le cœur de métier est la gestion de centres sociaux et n’a aucune expérience en équipements culturels (…). Ils vont transformer ce lieu mythique du patrimoine de Provence en Maison de Quartier. Au-delà de mon cas personnel, c’est un lieu phare pour tous les Provençaux. Ce château symbolise leur langue, leur culture, leur patrimoine ».
Voilà qui déplait par essence aux adeptes du wokisme, d’où la volonté de « canceller » Pagnol, qui reste l’un de nos écrivains les plus populaires.
Une fois le petit-fils parti, le « château de ma mère » deviendra donc le siège du Centre de Culture Ouvrière (1000 salariés dans l’année, selon leur site !), le genre de structure qui ne vit que de subventions et dont raffolent les militants d’extrême gauche, qui y font souvent carrière. Même le pourtant très consensuel (à l’égard de la gauche) macronien Renaud Muselier s’est déclaré « scandalisé comme tant de Marseillais ». Pour la sénatrice LR Valérie Boyer, « Faire ce choix, c’est sortir Pagnol du Château de ma mère. C’est inacceptable ». Seul le quotidien communiste La Marseillaise se réjouit. Comme par hasard.
Un recours administration a été lancé et une pétition en ligne a recueilli presque instantanément près de 30000 signatures (Pétition « Rendez Marcel Pagnol à La Buzine » sur le net).
François Solchaga
