Simenon

Bédésup: Simenon, la BD et la mer

Le numéro daté de juin de Livr’arbitres, que dirigent avec talent Patrick Wagner et Xavier Eman, traite notamment (dossier annoncé en couverture) des écrivains qui nous ont embarqués avec le plus de talent pour de longues traversées à bord de leur navire « chargé de livres écrits à l’encre salée » (René Moniot-Beaumont).

Parmi eux figure Simenon. En effet Simenon ce n’est pas seulement Mégret ou les canaux de Flandres. Ce sont aussi de nombreux romans ayant la mer pour cadre, voire comme sujet. C’est le cas de ce Passager du Polarlys (1932), premier d’une série série que Simenon désignera comme des « romans durs ».

Il faut aussi se souvenir que Simenon fut un grand marin. En 1929, comme l’avait fait Jack London avant lui, Simenon se fit construire un cotre, qu’il baptisa L’Ostrogoth, et qui va accomplir un périple d’une année. Puis ce sera l’embarquement sur le SS Polarlys (ce qui signifie « aurore boréale » en norvégien), qui va le mener jusqu’à l’océan Arctique.

Le voyage lui inspirera ce roman policier dont la facture générale rappelle davantage Agatha Christie que…Simenon. C’est un roman de jeunesse (il a 29 ans). Mais il écrit depuis l’âge de 16 ans.

Par la suite, bien d’autres romans, dans son œuvre, qui est extraordinairement abondante, comme chacun sait, auront la mer. pour cadre.

Jean-Louis Bocquet et Christian Cailleaux ont transformé ce polars en bande dessinée. Le résultat est une vraie réussite. Le seul point faible de cette belle BD tient à l’histoire elle-même. Adapter de l’Agatha Christie ou des romans à la Agatha Christie comme celui-ciest un exercice toujours difficile.

François Rivière, l’excellent scénariste des chefs d’œuvres Albany ou Blitz (avec le talentueux Floc’h aux pinceaux) et de la série Maitre Berger, dont le héros est un attachant avocat de Charente, n’a pas aussi bien réussi ses six albums BD tirés d’Agatha Christie tout simplement parce que le whodunit (traduire : « qui l’a fait ? ») ou roman policier à énigme, est trop statique et bavard pour être bien rendu par la bande dessinée.

Il n’empêche que, dans le genre, ce Passager du Polarlys en BD est une réussite, par le dessin, l’allure des personnages, l’ambiance, les paysages et les bateaux dans la tempête. C’est un bel objet à offrir, et un album qui se laisse lire avec plaisir..

Francis Bergeron

Revue Livr’arbitres juin 2023, 168 p., 13 euros, chez Patrick Wagner 36 bis rue Balard 75015 Paris

Le passager du Polarlys, par José Louis Bocquet et Christian Cailleaux, Dargaud, mai 2023, 80 p., 20,50 euros.

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