Jean Phillipe Trottier, est un véritable couteau suisse Acadien : diplômé de philosophie à la sorbonne, journaliste, traducteur, animateur radio, ce spécialiste en musique classique est aussi et avant tout catholique, ceci expliquant peut-être cela, ce constat cinglant : en cette fin d’ère scientiste et maçonnique, l’homme blanc occidental ressemble en sa grande masse à une boussole ayant perdu le Nord, une belle horloge cassée qui aura imprimé son Temps sur le monde.
Athéisme, communisme, féminisme, écologisme, wokisme, repentance coloniale, immigration massive, toujours ces sempiternelles ingrédients pour la même histoire, toujours le même film qui sont tout autant de syndromes profonds de cette mort de Dieu. Dans un style clair, limpide où se côtoient des penseurs de tradition catholique tels Gustave Thibon ou Simone Weil, en 237 pages nous est proposé un tour d’horizon synthétique des causes profondes de ce déclin spirituel qui finit inexorablement en idolâtrie, notion centrale qui permet de saisir la profondeur de cette aberration contemporaine que l’on appelle le monde moderne.
La perte de transcendance qui harmonisait l’homme au cosmos de manière substantiellement holistique, a vu son premier hiatus arrivé par la Renaissance (lisez Alain Pascal pour plus de détails). Remplacer Dieu par l’homme et vous aurez un fétichisme de la Chose généralisée, ramenant l’homme à lui-même dans un narcissisme égotique. Ce déicide, réelle boite de Pandore permettra au paganisme, au progrès technique inéluctable de trouver leur apogée dans le positivisme (le transhumanisme étant peu ou prou l’un des derniers avatars dans cette quête de remplacement de dieu par l’homme augmentée).
De manière pyramidale, l’ensemble de la société médiévale était tout organisée autour de Dieu, dans sa constitution politique (le roi) dans sa structuration anthropologique (clergé, paysannerie…) bref un organisme complet. Notre auteur s’attarde plus spécifiquement sur deux prodromes significatifs (communisme et féminisme) qui reflètent à eux-seuls cette adoration dévoyée qui affecteront les bases saines de toute vie en société.
Chesterton dans son propos archi-rebattu mais terriblement juste : « le monde est plein de valeurs chrétiennes devenues folles », offre certainement la clef de lecture qui permet de saisir pourquoi et comment, sur un terreau aussi fertile et riche, toutes ces contrefaçons idéologiques ont pu prospérer immanquablement et ravager la psyché chrétienne.
Notre philosophe québécois ne cède au pessimisme, bien au contraire. Le premier déclic, la première étincelle est d’abord la prise de conscience de cet état des lieux, de ce qu’il nous reste à nous occidentaux, au terme de cette entreprise de dévastation et qui a fait notre force mais aussi notre admiration : l’esprit critique. L’espérance d’un changement est d’abord individuel, et puis surtout n’hésitez pas aussi à faire circuler ce bel ouvrage de combat spirituel qui offre un argumentaire solide, complet et authentiquement vrai.
Claude Ribet
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