Lagarde

L’Eurocratie en échec

Pour la première fois depuis bien longtemps, la Commission européenne — constituée, on ne le répétera jamais assez, de personnalités non élues, en commençant par sa présidente (allemande) Ursula von der Leyen et sa vice-présidente (danoise) Margrethe Vestager — a dû en rabattre. Il est vrai qu’elle avait frappé très fort en imposant le 11 juillet une Etats-Unienne, l’économiste Fiona Scott Morton, à la tête de la toute-puissante Direction générale de la concurrence à Bruxelles. Or, la blonde Fiona ne se contente pas d’enseigner à la prestigieuse université de Yale : ancienne conseillère de Barack Obama, elle avait aussi conseillé les PDG d’Apple et de Microsoft. C’est dire qu’avec une de leurs très proches propulsée à un tel poste, les GAFAM auraient disposé d’un idéal cheval de Troie en Europe.

Cette nomination avait provoqué une levée de boucliers au Parlement européen et dans plusieurs pays de l’Union, considérant que l’atlantisme avait ses limites. « A l’heure où nos institutions font l’objet d’un examen minutieux face aux ingérences étrangères, nous ne comprenons pas que des candidats non européens soient pris en considération pour un poste aussi stratégique », avaient ainsi fait savoir les présidents des trois principaux groupes du Parlement. Chose rare, la France elle-même avait regimbé par la voix de trois ministres, avant que le commissaire Thierry Breton, ministre de l’Economie et de l’Industrie sous Chirac et, depuis 2019, commissaire européen chargé du marché intérieur, de la politique industrielle, de la défense et de l’espace, manifeste lui-même son hostilité. Emmanuel Macron, qui sait combien l’appui militaire à l’Ukraine et le « pognon de dingue » que cela induit sont devenus impopulaires au fil des mois alors que tant de Français doivent se serrer la ceinture, a-t-il craint les retombées sur sa popularité d’une nouvelle fleur à Washington, de nature à remobiliser « les extrêmes » ?

Mme Scott Morton devait s’installer à Bruxelles le 1er septembre. Le 19 juillet, elle a fait savoir que, compte tenu de « la controverse politique » en cours, elle renonçait au poste promis. Espérons que, côté européen, ce sursaut de souverainisme ne sera pas suivi d’une série d’abdications.

La Rédaction

(3 commentaires)

  1. trop c’était trop ! on a coupé le sommet de l’iceberg de la vassalité de l’UE et de la macronie en pariculier par rapport aux USA de Biden-Harris , mais la partie non émergée est toujours présente et active !!

  2. Mme Scott Morton a également œuvré comme « consultante » (à ne pas confondre avec lobbyiste, précise-t-elle) auprès du PDG du géant pharmaceutique Pfizer, Israel-Abraham (dit Albert) Bourla. Le même Bourla auquel la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a remis en novembre 2021 le prix du “Distinguished Business Leadership” décerné par l’Atlantic Council. Avouez que le monde est petit !
    A noter que Bourla a toujours refusé de s’exprimer devant la commission d’enquête sur le Covid créée par le Parlement européen.

  3. Intéressante réaction de l’ancien magistrat Jean-Paul Garraud, président de la délégation RN au Parlement européen :
    “Malgré le renoncement de Mme Scott Morton, des questions sur cette nomination et sa procédure restent en suspens. Pourquoi la condition de nationalité européenne a-t-elle disparu de la fiche de poste, ce qui est sans précédent ? Pourquoi Mme Morton a-t-elle annoncé EN AVRIL à ses collègues de Yale son recrutement à la Commission, alors qu’officiellement la sélection n’était pas arrêtée ? Nous avons adressé ces remarques à la présidence de la Commission européenne afin d’obtenir des réponses claires. Nous ne lâcherons rien avant que la vérité sur ce scandale éclate, soit connue de tous et permette d’éviter le renouvellement de cette situation. L’absence de mea culpa en provenance de la Commission nous conforte dans notre opposition au fonctionnement de cette Union européenne, déconnectée des nations qui la composent et des légitimes attentes des peuples.

    Avec nous et nos alliés européens, il en sera autrement : une Europe des nations au service des Européens, qui laisse à chaque État sa souveraineté, et qui n’est pas inféodée aux États-Unis ou à toute autre puissance extérieure.

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