Cette invraisemblable mésaventure est arrivée à Nigel Farage, interdit de banque pour « europhobie » avérée. En effet, « l’europhobe » britannique Nigel Farage, apôtre du Brexit, a annoncé que sa banque lui avait fermé ses comptes, car « les opinions de l’homme politique d’extrême-droite ne correspondraient pas à ses valeurs».
Quand l’argent à une odeur et une couleur (politique)
On s’interroge sur les valeurs en question, on connaissait les valeurs bancaires (placements boursiers, spéculation, etc.) mais on ne savait pas que la banque vendait aussi des valeurs morales et politiques. On s’interroge sur ce qui fonde une telle impudence. Il paraît que la très chic banque Coutts craint pour son image en étant associée à l’ancien député européen. En fait d’image, elle peut en effet craindre qu’elle soit ternie par le choix qu’elle fait en s’ aventurant dans un domaine qui n’est pas le sien et qui est aux antipodes de son cœur de métier, si l’on peut dire l’argent n’a pas d’odeur et, en l’occurrence, pas de couleur politique.
La publicité que prend l’affaire, puisque même le premier ministre Rishi Sunak, s’en est indigné, pourrait donc se retourner contre l’honorable établissement qui aurait du réfléchir à deux fois avant de prendre une décision si contraire aux libertés et attentatoire à la liberté de penser. Coutts est la banque de la défunte reine Elizabeth II et filiale de Natwest.
Nigel Farage, ancien dirigeant du Parti du Brexit et du parti anti-immigration UKIP, a expliqué dans une vidéo publiée mardi 18 juillet soir sur Twitter qu’il avait obtenu un dossier de quarante pages pour comprendre la suppression de ses comptes. On serait curieux de savoir si le dirigeant travailliste Jeremy Corbyn 2015-2020 a connu de tels ennuis avec sa banque pour ses propos antisémites, lui qui fut écarté du Labour Party et du groupe pour complaisance avec l’antisémitisme en Angleterre, après 1000 plaintes enregistrées par ce parti. En 2012, entre autres, il s’opposa au retrait d’une fresque murale dans l’est londonien, représentant des banquiers juifs, et reprenant des propos antisémites.
Les banques devraient balayer devant leur porte.
A moins qu’il s’agisse d’une revanche des banquiers, (une broutille) puisque Farage s’adressant à l’ex président Herman, comte Van Rompuy, ancien président du Conseil européen, avait déclaré : « Qui êtes -vous ? Nous n’avons jamais voté pour vous, vous avez l’allure d’un petit employé de banque et le charisme d’une serpillière humide ». Bon tout cela n’est pas très fairplay britannique, mais fit les gorges chaudes dans toute l’Europe et Farage fut puni d’une amende de 3000 euros.
Aussi bien les banques devraient ne pas monter au mat avec la culotte sale, on ne sait pas ce qu’il en est de Coutts, mais globalement elles se sont aventurées bien au-delà des règles prudentielles de l’effet de levier, soit des engagements excessifs par rapport à leur fonds propres, sans compter le blanchiment et autres opérations pour le moins douteuses sur l’or et les monnaies.
Mais le problème est que Farage a été refusé par 10 autres banques ce qui signifie que la maladie est contagieuse et, qu’à dire vrai, c’est toute la pensée européenne qui est vérolée par la cancel culture le wokisme et la lgbêtise,c e contre quoi il se rebelle en s’exprimant dans une émission de télé (on craint pour les dirigeants de Cnews ou de TV Libertés) qu’il produit où il pourfend cette idéologie. Son amitié avec le tennisman Novak Djokovic, opposé à la vaccination contre le Covid, le soutien exprimé de Nigel Farage pour Donald Trump ou encore sa critique des objectifs environnementaux du gouvernement britannique font de lui un riche spécimen d’extrême droite tant il est vrai que toute opposition est qualifiée ainsi, mieux encore, toute expression du réel est d’extrême droite.
Quand les Conservateurs sauvent l’honneur et …les valeurs européennes, les vraies.
La décision de Coutts a été vivement critiquée par les Conservateurs au pouvoir. «Ce n’est pas bien. Personne ne devrait être interdit d’utiliser des services de base en raison de ses vues politiques. La liberté d’expression est la pierre angulaire de notre démocratie», a affirmé le Premier ministre Rishi Sunak mercredi. Le ministre de l’Energie Grant Shapps a dénoncé une décision «honteuse» de la banque tandis que la ministre de l’Intérieur Suella Braverman a estimé qu’il s’agissait d’un «scandale».
Rappelons que les Anglais ont quand même inventé l’habeas corpus dont la définition commune est la suivante : « l’Habeas Corpus renvoie à la liberté de l’individu, c’est-à-dire au contrôle qu’il doit avoir de son propre corps et de ses biens. ».
Olivier Pichon
