août

Table d’hôte : en attendant le 31 du mois d’août !

En ces temps incertains, quand un destin malheureux s’abat sur la grande patrie… Les héros d’autrefois nous convient à leur loi et nous invitent à monter à bord de « La Confiance », petite corvette française de 490 tonneaux, dirigée par le Malouin Robert Surcouf ayant vaincu, à l’abordage, le « Kent », trois-mats anglois de 1200 tonneaux ! Cette victoire n’eut pourtant pas lieu au large de Bordeaux à cette date, mais le 7 octobre 1800 près de l’embouchure du Gange. Confiance donc, les amis ! Buvons un coups, buvons en deux, comme dans la rengaine militante d’Action Française (« Chanson pour boire au roi »), inspirée d’un chant marin révisionniste écrit au XIXème siècle.

Août, mois d’Auguste, est celui où la graine arrive à maturité, le mois des tournesols, des cigales, des grillons et des libellules, insectes (comestibles ?) dardés de corsages de fer sonores… Du cresson de cheval, des roseaux de la passion et du roseau à balais, des couleuvres et des grenouilles vertes (comestibles), des crapauds qui coassent sans trêve ni repos près des étangs comme à Jungholtz où Notre Dame de Thierenbach veille sur le village. Si vous passez dans cette partie de l’Alsace, vous pourrez vous reposer à l’hôtel des Violettes et vous restaurer à la surprenante Ferme des moines.

Baies, baies, baies…

C’est le temps des mûres sauvages chères à Hermann Löns, poète de la lande, des fraises des bois et des myrtilles qui poussent en moyenne montagne des Vosges (elles portent alors le joyeux sobriquet de ‘brimbelles ») ou de Savoie. Les fraises des bois, il faut les consommer de suite, puisque leur densité ne convient guère aux confitures ni à la fabrication de quelques sorbets. En revanche, les myrtilles, les framboises, tout comme les mûres, supportent très bien la surgélation et la mise en pot de soleil — définition de la confiture selon Marie Stuart. Les mûres d’élevage sont détestables en goût à cause de leur acidité. Elles sont grosses à l’excès et noires, brillantes. Elles paraissent et ne sont guère bonne qu’à participer à la décoration. Le sureau produit des baies qui se révèleront excellentes en gelées. Qui elles-mêmes sont relaxantes, calment la toux et les maux de gorge quand la bise fut venue !

Ayons au passage une pensée pour la cigale. Puisqu’elle a passé dix-sept ans dans la terre, sous forme de larve, pour vivre seulement maintenant quelques semaines à l’air libre… Et le fabuliste de la critiquer de chanter le soleil ? De bonnes confitures alsaciennes sont proposées à la vente en ligne par Christine Ferber. Certaines sont frappées au coin du dieu Thor (rune thorn, thurisaz, représentée sous la forme d’une épine acérée), comme celles à base de blackthorn (prunelle), hawtorn (églantier, cynorhodon, ou gratte-cul), whitetorn (aubépine) sans oublier d’autres fruits délicieux dont on fait force marmelades (citrons, oranges) et gelées (groseilles). Les plus réputées parmi ces dernières demeurent celles de Bar-le-Duc, mentionnées dans un document daté de 1344 (Plaisirs de la table en France. Könemahnn Verlagsgeselschaft.1999). Les groseilles vantées par Brasillach (il faut aimer le bonheur) sont prospères (youp-la-boum) sous le climat lorrain et les femmes habiles à la tâche fastidieuse qui consiste à épépiner à la main, chaque petit fruit à l’aide d’une plume d’oie bien taillée en pointe (toujours,! comme dans le chant des bataillons de choc).

Tiens, voilà du cresson… pour les végans

Il n’est de bon cresson de rivière qu’à Veules-les-roses (la Veules est le plus petit fleuve de France), en pays de Caux, à coté de Dieppe, ville célinienne et des « Petites Dalles », charmants patelins vantés par Pierre Bonte (La France que j’aime. Albin Michel. 2010) et appréciés des époux Delcroix. On peut le servir en salade ou en soupe, ce qui ravira les végans, moins les messieurs et les enfants qui ne manqueront guère de faire la grimace… C’est vert, acide, comme peuvent l’être l’oseille (que l’on plante entre mars et juin) ou les épinards (que l’on trouve frais de décembre à juin). Mais les jolies petites feuilles peuvent servir d’ornement quand on pratique le service à l’assiette ou accompagner un plateau de froùmage (comme écrivait Céline) garni de cœur neufchâtel de mon pays ou de rocamadour. Ces « pâtés de lait », comme on dit en Bretagne, peuvent être escortés de graines de tournesol, de carvi, de noix et de noisettes que l’on récolte en ce temps même. Que le camarade béarnais Alexis Arette, disparu en janvier dernier, me pardonne de Là-Haut si je mêle confiture et fromage, fromages et châtaignes confites ou grillées. Au pied des arbres des forêts de France tombent ces fruits gratuits pour les heureux qui veillent au grain et à l’économie. On en trouve en Normandie, en Bretagne; ce qui a donné lieu à La Ronde des châtaignes, chanson au rythme endiablé que nous devons à Théodore Botrel, mais aussi en Ardèche, petite patrie d’adoption de celui qui a chanté Ma France (chanson qui n’est plus usitée par la CGT, lors des manifs du 1er mai, comme l’a remarqué Nicolas Gauthier), La Commune (chère à Maurice Bardèche, aux amis du socialisme français, à Alain de Benoist, à Alain Soral et au Docteur Merlin) et Le châtaignier, j’ai nommé Jean Ferrat frisé (né Tenenbaum).

Quand nous chanterons le temps des prunes, et gai rossignol et merle moqueur, seront tous en fêêêêêêteeeu. Les quetsches sont à maturité et demeurent souveraines en tartes. La mirabelle ne fait pas le printemps mais se prête fort bien en poêlée sautée au beurre et au sucre de roseau ou de miel que l’on fera flamber avec un peu de son alcool au moment d’accomplir un service au guéridon (ou à la russe). Il ne faut se fier aux liqueurs et aux alcools blancs que si, et seulement si, comme professent les mathématiciens, ils sont élaborés dans les règles de l’art. Mais Jussieu de nous mettre en garde : « Que l’eau-de-vie ne vous trompe pas, elle ne fait vivre personne et fait mourir bien des gens ». On en trouve de très bonnes : eaux-de-vie, liqueurs, crèmes et fruits captifs à la distillerie Miclo à Lapoutroie (distillerie-miclo.com). Allez ! un schlouck de schnaps et hopla geiss !

Franck Nicolle

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