A peine posée la truelle et les différents outils qui ont transformé la Cité nationale de l’immigration en un musée de l’Histoire de l’immigration inauguré en juin dernier quelques jours après le drame d’Annecy, provoqué par un « réfugié » syrien, les différents thuriféraires de la submersion impliqués depuis des lustres dans la défense et l’illustration des migrants de tout poil se déchirent à belles dents. Les uns reprochent aux nouveaux maîtres du palais de la Porte dorée de confondre « migrations et immigrations », pendant que ces derniers revendiquent haut et fort d’avoir pris comme première date repère du parcours muséal — douze dates de 1685, date de la révocation de l’Édit de Nantes contraignant provoquant l’exil des huguenots et de la publication du Code noir qui fixait le statut des esclaves— à 1995.
Multiplication des chicayas
Parmi les commentaires acerbes parus dans la presse récemment, citons celui de Gérard Noiriel qui n’est pourtant pas connu comme appartenant à la droite nationale mais comme un des pionniers de l’histoire de l’immigration dans notre pays. Il est également celui qui, au côté de Zair Kedadouche – ancien conseiller régional « Génération Ecologie » d’Ile de France devenu proche de Sarkozy et copain de Julien Dray— est à l’origine du projet de création de ce fameux « machin » d’abord présidé par Jacques Toubon avant de tomber dans les pattes successives de Benjamin Stora, de Pap Ndiaye puis de Constance Rivière, chercheur dans le goût du jour décolonial. Dans un article de Tribune Juive du 23 juin dernier, Noiriel ne mâche pas ses mots. Il reproche notamment à l’historien Patrick Boucheron, choisi pour piloter l’ensemble du projet, d’avoir joué avec la chronologie en faisant débuter l’histoire de l’immigration en 1685 (date de la publication du Code noir), ce qui s’apparente, il est vrai, à une manipulation de l’histoire destinée, en fait, à nier que notre pays ne devient une terre d’immigration qu’à la fin du XIXème siècle sous l’effet de l’industrialisation. Il parle d’anachronisme s’agissant de l’affiche relative à Louis XIV, fait part de son étonnement s’agissant d’une mention de l’affaire Dreyfus dans l’exposition et regrette que « la nouvelle orientation du musée risque d’aggraver les multiples polémiques identitaires qui alimentent notre actualité ». Enfin, il relativise le rôle attribué à Benjamin Stora quand il était aux commandes avant Pap Ndiaye.
Provocations assumées
Afin de donner raison à Emmanuel Macron selon lequel « la vocation de ce lieu est de rendre aux immigrés la place qui leur revient dans le récit national », les nouveaux patrons ont multiplié les provocations, qu’ils revendiquent d’ailleurs. Ainsi, Marianne Amar, commissaire scientifique du musée, reconnait que 1685, date à laquelle est acté le statut juridique (d’ailleurs progressiste) des esclaves aux Antilles, est une date « volontairement provocatrice ». Autre choix dans la même veine, celui d’avoir couvert nombre de stations de métro d’affiches représentant Louis XIV en majesté avec le commentaire suivant : « Louis XIV (mère espagnole, grand-mère autrichienne) : c’est fou tous ces étrangers qui ont fait l’histoire de France ».
Patrick Boucheron, à l’origine de la nouvelle exposition permanente et connu pour sa vision militante d’une histoire mondialisée, voulait à tout force démontrer que notre pays a toujours été un pays d’immigration et que le seul obstacle à l’intégration des immigrés est le (prétendu) racisme des Français. Un argument qui n’a pas convaincu les jeunes identitaires du groupe Les Natifs qui ont eu l’idée d’imprimer des affiches au slogan identique à celui du musée mais avec des personnages différents comme Mohamed Merah, par exemple, et de les accrocher aux grilles du musée. Cette affiche a évidemment provoqué la colère des adeptes du wokisme qui se sont empressés de dénoncer sur les sacrosaints réseaux sociaux « une exaltation du promoteur du Code noir » et de condamner cette coûteuse campagne. L’histoire ne dit pas si cette affiche a également provoqué l’ire de Pap Ndiaye, ancien directeur de la Cité de l’Immigration et partisan résolu d’un certain indigénisme qui s’était fixé « pour mission de faire de l’immigration un élément central de l’histoire nationale ».
Mission accomplie malheureusement et qui nous est rappelée dès l’entrée du musée avec cette inscription en caractères lumineux « Étrangers partout ».
Tout et n’importe quoi
Au fil de la visite, un sentiment domine, celui d’une gigantesque falsification doublée d’une odieuse manipulation des faits historiques au profit d’une vision indigéniste de notre passé. Les différents repères chronologiques (de 1685, donc à nos jours en passant par 1789, 1848, 1917,1931, 1940, 1962,1973 et sequentes) ne sont qu’un prétexte pour imposer un catéchisme « droit-de-l’hommiste » et casser « la binarité entre Français et étrangers » pour reprendre les mots d’un commissaire d’exposition. Des pancartes destinées au jeune public et vantant les bienfaits de l’immigration (invasion ?) sont disséminées tout au long du parcours. Mieux, un livret destiné aux 8/12 ans évoque longuement le racisme, le migrant ou la dictature, « des mots à retenir » selon la brochure qui note que « parler une langue étrangère ou cuisiner des recettes venues d’ailleurs sont des trésors qui enrichissent notre patrimoine commun et l’agrandissent ».
Parmi les objets exposés, on trouve comme par hasard le sac de couchage d’un Rom bulgare qui a couché à la belle étoile pendant trois ans et qui est devenu français après avoir pris la tête de la révolte de ses congénères. Ne parlons pas de tous les panneaux « Carte de séjour », « Clandestin » ou « Mamadou » censés souligner les difficultés des demandeurs d’asile et autres clandestins face à l’administration française, en prenant soin d’oublier toutes les aides dont ils bénéficient de la part des organisations antiracistes qui, elles-mêmes richement subventionnées, les bercent comme des nouveau-nés. On ne s’étonne pas de voir une affiche du Front national décrit comme « un parti ouvertement xénophobe et qui ne masque pas son idéologie raciste et antisémite ». Quid alors des Mourad Kaouah, Soraya Djebbour, Farid Smahi et autres élus d’origine maghrébine qui n’avaient pas hésité à mouiller leur chemise pour Le Pen ?
Les Bretons seront surpris de voir Bécassine figurer dans une des vitrines comme… immigrée ! Autre bourde, celle consistant à reproduire une scène de Guignol, avec tous ses personnages dont une caricature de juif. Tous ces beaux messieurs oublient que, dès le XVème siècles, les Ottomans , avaient le même théâtre d’ombres avec l’idiot et l’ivrogne de service auxquels ils ajoutaient un garde albanais , un noir qui ne parlait pas turc et un marchand juif.
Le quotidien Libération se taille la part du lion avec la reproduction de ses Unes agressives et ramenardes, sur la « stigmatisation des musulmans » ou celle du 18 juin 1984 : « Percée de Le Pen [grâce au vote raciste, bien sûr], effondrement du PC , le choc ». Certains n’en sont pas encore remis…
La dernière partie de l’exposition pourrait avoir été financée par SOS-Méditerranée ou les gangs mafieux qui vivent sur la bête clandestine, tant l’immigration est présentée comme la solution miracle à tous nos maux.
Seul problème à leurs yeux, les discriminations dont seraient l’objet les immigrés et leurs descendants alors que sont soigneusement mis sous le tapis (persan ?) l’islamisme, la ghettoïsation, la majorité des « violences faites aux femmes » (dont l’excision imposée aux gamines) et tous les problèmes de délinquance.
Des vidéos sont également proposées au visiteur, comme celle de Grace-Ly, comparse de Rokhaya Diallo et pour laquelle « on ne peut pas se dire féministe sans être antiraciste, antigrossophobie et antivalidisme [?] ». Tout est dit, en jargon, sauf que ces donzelles n’avaient pas prévu que les équipes dirigeantes de ce nouveau foutoir feraient des économies sur le dos des guides en négociant avec des sociétés privées l’ubérisation des guides conférenciers. Cette ubérisation dont sont principalement victimes les immigrés tellement chéris par Patrick Boucheron, son équipe et les fans de Rokhaya Diallo. C’est ainsi que la Révolution dévore ses enfants.
Françoise MONESTIER