Le 28 juillet, notre ministre de l’Europe et des Affaires étrangères avait prédit l’échec rapide du putsch organisé à Niamey contre le président Mohamed Bazoum par des officiers de sa garde présidentielle. Le 5 août, toujours aussi péremptoire, elle a annoncé sur France Info que de tels coups d’État n’étant « plus de mise »(sic), la France soutenait la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest qui, fondée en 1975 à l’instigation du Nigeria anglophone, compte outre ce pays une quinzaine de membres (Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Liberia, Mali, Niger, Sierra Leone, Sénégal, Togo), et a menacé d’intervenir militairement si Bazoum n’était pas promptement réintégré dans ces fonctions.
Déjà, « les chefs d’état-major de ces pays se sont réunis pour préparer une intervention » et « plusieurs de ces pays qui disposent de forces robustes ont fait savoir qu’ils étaient prêts à intervenir si c’était nécessaire », a déclaré Catherine Colonna qui veut donc croire que « la raison prévaudra de la part des putschistes ».
Y’a bon putsch
Mais rien ne dit que ceux-ci obtempéreront. Colme l’a indiqué dans L’Express le chercheur franco-nigérien Jean-Pierre Olivier de Sardan, « les putschistes ont justifié leur action par une « dégradation de la situation sécuritaire » et une « mauvaise gouvernance économique et sociale », mais […] cette justification est d’autant moins convaincante que ces militaires faisaient partie des cercles du pouvoir. Dès lors, l’explication la plus plausible est que ce coup d’État soit le résultat d’une forme d’opportunisme de la part du général Tchiani, qui a voulu s’emparer du pouvoir pour son intérêt personnel. De plus, il existe chez les officiers supérieurs une culture putschiste. Un putsch se trouve toujours à l’horizon et, lorsqu’il réussit, c’est l’assurance de toucher le gros lot : le pouvoir, l’enrichissement et la réputation, notamment. »
Les mutins risquent donc de tenir bon. Si, de son côté, la CEDEAO met sa menace à exécution, la France poussera-t-elle son soutien jusqu’à offrir les services de nos quinze cents militaires encore cantonnés au Niger, quitte à être accusée contre toute vraisemblance d’être aux commandes de l’offensive ? Mais si ces unités restent l’arme au pied, cette neutralité ne leur sera-t-elle pas âprement reprochée par les pays interventionnistes, alors que l’opération Berkhane est déjà loin d’avoir été un succès ?
Dans tous les cas, notre pays fera figure d’accusée dans cette Afrique qui brandit en toute occasion le spectre du racisme systémique dont elle serait victime mais où tout se détermine selon la race (1). Il est intéressant de noter en l’occurrence que qu’Omar Tchiani, chef autoproclamé du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, est un Africain, tandis que Bazoum, le président destitué et assigné à résidence sans eau, ni vivres, ni électricité, est un Arabe.
Camille Galic