Ils habitent Neuilly, ce sont de bons paroissiens de l’église Saint-Pierre. Leurs quatre enfants sont scolarisés ou ont été scolarisés dans l’un des grands lycées catholiques de la ville. Tout serait au mieux, pour eux, dans le meilleur des mondes, si le comportement de l’un de leurs fils ne leur causait pas du souci. Il a des sautes d’humeur à répétition. Il passe beaucoup de temps enfermé dans sa chambre. Il tient des propos parfois violents. Ses frères et sœurs s’éloignent de lui. Que se passe-t-il ? Est-il bipolaire ? Autiste ? Ou s’agit-il seulement d’une crise d’adolescence ?
Et puis un jour, par la police ou par le corps médical, l’information leur saute au visage : leur fils se drogue, sans doute depuis l’âge de 15 ou 16 ans. Quoi ? Dans cette ville à l’écart des zones de non droit ? Dans ce lycée, qui accueille la fine fleur de la bourgeoisie locale ? Oui, la réalité les a rattrapés, avec son cortège de chagrin, d’angoisse : le jeune drogué est devenu dealer aussi, pour se procurer l’argent nécessaire à son addiction. Il s’est déscolarisé. Il a saccagé une pharmacie qui avait refusé de lui délivrer un stock de médicaments de substitution. C’est la spirale du malheur.
Cette histoire, bien des parents l’ont vécue, ou la vivent actuellement. Aucun milieu n’en est vraiment préservé.
Le Docteur Plouvier, auteur d’un récent ouvrage Des drogues et des hommes, constate que « la Cocaïne) est devenue, en dépit de son prix – c’est la drogue la plus chère –, le N°1 des « drogues dures ». Le Cannabis et ses dérivés, encore illégaux (peut-être plus pour très longtemps du fait de la démagogie intéressée des « chefs » politiques d’Occident), réputés « drogues douces » (c’est une absurdité médicale), restent bien entendu le n°1 absolu. »
Les Français plus gros consommateurs de cocaïne au monde
Le criminologue Xavier Raufer nous dit pour sa part, sur le site Atlantico, que la France est devenue le premier consommateur mondial par habitant : les cocaïnomanes représenteraient 2,5% des Français de 18 ans et plus, soit environ 800 000 adultes. Nous en croisons donc tous les jours, en tous lieux. Qui plus est, le prix du gramme de cocaïne baisse constamment, ce qui la popularise toujours plus. L’approvisionnement des drogués se fait par des coursiers qui livrent à domicile, ce qui évite les lieux de deal, et la surveillance policière aux abords. Les prisons sont quant à elles livrées par drones, raconte Valeurs actuelles du 24 août. La drogue est en effet le premier « loisir » des prisonniers. Il est aussi la première cause, directe (trafic) ou indirecte (agressions, vols, accidents à la Pierre Palmade etc.), des incarcérations.
Et Raufer n’est pas rassurant pour l’avenir : sur le marché de la drogue arrive aujourd’hui le fentonyl, « 50 fois plus puissant que l’héroïne », qui « provoque des surdoses mortelles dès cinq milligrammes ingérés par inadvertance. Aux États-Unis, des policiers secourant un homme en surdose, tombent en coma, l’un mourant ensuite, juste d’avoir respiré dans la pièce ! Aux États-Unis, du seul fait du fentanyl, dix fois plus de morts par surdose d’opioïdes qu’en Allemagne, vingt fois plus qu’en Italie. »
Voilà ce qui nous attend, avec une croissance parallèle de la criminalité et des délinquances de toute nature.
Un accélérateur de la propagation des addictions
Face à ce raz-de-marée, la légalisation des drogues « récréatives » est la solution pratiquée désormais par certains Etats américains et européens. Cette solution a ses adeptes, en particulier parmi les partis de gauche, mais aussi jusque dans les rangs de la droite (par exemple le maire LR de Châteauroux, et même Alain Madelin s’était prononcé dans ce sens, fut un temps) au nom de la liberté d’entreprendre, de la liberté de commercer.
Or les addictions, on le sait, se propagent par capillarité : le tabac facilite le recours aux drogues dites douces, et celles-ci (cannabis) constituent souvent une passerelle vers la cocaïne, et demain vers le fentonyl. Quand la police saisit un stock de drogue, celui-ci comporte, le plus souvent, à la fois du cannabis et de la cocaïne. La légalisation des drogues douces serait plutôt un accélérateur de la propagation de l’addiction.
L’autre argument des partisans de la légalisation est de soutenir que l’ouverture de points de vente légaux assèchera la vente illégale. Si la vente devient légale, expliquent-ils, les dealers des cités verront leur « petit commerce » perdre tout attrait du fait de cette concurrence autorisée.
Mais ce raisonnement oublie deux choses : dans un monde qui deviendrait concurrentiel, les réseaux de pourvoyeurs d’aujourd’hui ont une avance considérable sur les éventuels nouveaux commerçants. Les réseaux de distribution sont déjà organisés, rodés, les clients connus etc. Plus fort encore : la vente parallèle de drogue procurera toujours des marges considérablement plus importantes que la vente officielle. A moins que les vendeurs agréés soient dispensés d’impôts, de taxes, d’application du droit du travail, du droit de la sécurité sociale, d’assurances, de toutes les dispositions légales qui font la différence entre le travail au noir et le travail légal, ou subventionnés… Mais ce serait un comble !
L’exemple des Etats américains et du Canada où la légalisation est acquise est à la vérité un contre-exemple, la démonstration grandeur nature de l’effet pervers d’une telle « libéralisation ».
Agathon