Niger

Niger: notre armée dans la nasse

C’est le 5 octobre que s’est amorcé le désengagement de nos troupes stationnées au Niger, et notamment, des 400 soldats des deux sous-groupes tactiques interarmes déployés à Ouallam et à Tabaré Baré, le long de la frontière avec le Mali, où ils participaient à l’opération Almahaou avec les forces armées nigériennes avant le coup d’État militaire (1) ayant en juillet conduit au renversement du président Bazoum, régulièrement élu (et d’origine arabe alors que les putschistes sont tous africains).

Une fois arrivés à la base aérienne de Niamey, ces 400 soldats devraient « rejoindre immédiatement la France par avion » selon l’état-major des armées qui a précisé : « En termes de conduite, on fera ce qui est planifié. Nous fixons le tempo pour un départ en bon ordre, en sécurité et en coordination avec les autorités locales. »

Le racket de Niamey

Le hic est que les autorités locales ne semblent nullement pressées de coopérer. Le 3 octobre, Mohamed Toumba, le ministre de l’Intérieur nommé par la junte, avait menacé : « Vos avions, on va les lâcher à la dernière minute ! » Une manière de préparer le terrain avant de faire au maximum monter les enchères avec Paris. Le très vaste Niger étant totalement enclavé, il est de plus impossible d’évacuer les blindés et le matériel lourd par la route puis par voie maritime autrement que par le port de Cotonou au Bénin. Mais, a prévenu aussi le général Toumba, « Pas par le Bénin. N’importe quelle direction, sauf le Bénin ! » car les relations entre les deux pays sont exécrables.

Les 400 militaires arrivés de Ouallam risquent donc de subir plusieurs semaines ou plusieurs mois durant le sort de leurs 1500 camarades présents à Niamey avant le putsch (dont Catherine Colonna, notre catastrophique ministre de l’Europe et des Affaires étrangères avait prédit « l’échec rapide ») et qui se retrouvent aujourd’hui prisonniers dans leur base aérienne projetée en état de siège.

Comment sortir de la nasse ? En sortant évidemment le carnet de chèques après – malgré les vibrantes promesses faites par Emmanuel Macron au président Bazoum de ne jamais reconnaître le nouveau régime – s’être résigné à admettre la légitimité de la junte. Il ne s’agit plus seulement, en effet, de sauvegarder nos investissements et nos forages au Niger qui nous fournit 20,2 % de nos besoins en uranium — soit 1440 tonnes sur 7130, plus que jamais nécessaires puisque Paris s’est engagée sur la voie de la décarbonation et que le nucléaire, dont nous tirons déjà 70% de notre électricité, redevient vital. Cette fois, c’est l’honneur de l’armée française et peut-être la vie de ses hommes qui sont en jeu. Et le chef de l’État en est comptable.

Camille Galic

  1. https://nouveaupresent.fr/2023/08/05/la-france-dans-le-chaudron-nigerien/

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