Alix

Brèves Bédésup

Dans le milieu de la BD alors très colonisé par « l’esprit de mai 68 », style « Charlie », le bibliothécaire marseillais Jean-Claude Faur, avec sa revue « Bédésup », était plutôt isolé dans sa riposte. Il nous a hélas quitté depuis, mais c’est pour lui rendre hommage que nous avons repris, en accord avec l’éditeur Philippe Randa, cet intitulé « Bédésup », pour parler, dans les pages du Nouveau Présent, de l’actualité bédéphilique.

En relisant Le tombeau étrusque: quand Jacques Martin publia, dans les années 1970, Le tombeau étrusque, cinquième aventure du jeune gallo-romain Alix, le quotidien Le Monde lui tomba dessus, prétendant voir des allusions antisémites dans cette histoire de fanatiques voulant rétablir une royauté étrusque à l’époque de César et Pompée.

Alix affrontait dans cette histoire un dénommé Brutus, qui prétendait devenir le monarque d’un royaume étrusque reconstitué. Et ce Brutus justifiait ainsi le terrorisme qu’il faisait régner sur la campagne romaine : « Je fais une révolution et il n’y a pas de révolution sans terreur. Pour réveiller ce vieux peuple engourdi, sous le joug des Romains, il est nécessaire de le secouer. Nos amis doivent nous craindre et nos ennemis trembler de peur. Tout en nous doit être terrible : notre action, notre religion et même nos costumes » (p. 42).

Lu cinquante ans plus tard, ce genre de discours fait étrangement penser au terrorisme islamiste. Mais comme toujours dans les bandes dessinées de Jacques Martin, le bien, c’est-à-dire en l’occurrence la civilisation romaine, triomphe de la barbarie molochite. Aussi Alix, le héros, harangue-t-il et galvanise-t-il avec succès les Romain réunis au cirque de Rome : « Vous romains, qui avez toujours battu vos ennemis, parfois à dix contre cent, laisserez-vous une poignée de fanatiques vous vaincre ? Allez-vous leur permettre d’anéantir la civilisation que vos pères vous ont léguée ? … Ce serait retourner des siècles en arrière ! J’en appelle surtout à vous, jeunes gens, qui avez encore le cœur pur et l’âme fière ! Suivez-moi (…) » (p. 58).

Voilà bien une BD à faire lire et relire à nos enfants. Elle répond indirectement à beaucoup des questions qu’ils nous posent aujourd’hui.

Les éditions du Triomphe préparent Noël : cette prestigieuse maison d’orientation catholique vient de fêter son trentième anniversaire. Elle publie de nombreuses nouveautés BD en cette fin d’année, en particulier une biographie des pères Sevin et Doncoeur, fondateurs du scoutisme français, dans l’esprit de Baden Powell. Elle poursuit la publication de l’intégralité des Sylvain et Sylvette dans leur format d’origine dit « à l’italienne », une nouvelle aventure de Perrac la Rapière, série de cape et d’épée sous Louis XIII, et des biographies en BD de Clovis, Du Guesclin et…Bigeard. L’histoire des Invalides et celle de la Légion étrangère figurent aussi dans leur nouveau catalogue.

Editera-t-on un jour de nouvelles aventures de Tintin ? La revue Les Cahiers de la BD (numéro de cet automne) répond à cette question grâce à une interview de Didier Platteau, l’ancien directeur général de Casterman. Non il n’y aura pas de nouveaux Tintin, à la différence d’Astérix et d’autres. Hergé avait très clairement écarté cette hypothèse, et ses ayant droit sont bien décidés à respecter sa volonté.

Mais qu’en sera-t-il en 2054 (70 ans après la mort d’Hergé), quand son œuvre sera tombée dans le domaine public ? C’est encore un non, car les héritiers ont créé une fondation qui sera seule habilitée à gérer le patrimoine hergéen.

Faut-il le regretter ? Quand on voit ce qu’est devenu le malheureux Ric Hochet, pris en otâge par des auteurs gauchistes et adeptes du wokisme, ou encore Spirou, devenu illisible, et même certains (pas tous) des albums de Black et Mortimer… Il ne faut rien regretter !

Agathon

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