La culture populaire a fait la part belle à la Conquête de l’Ouest sauvage, le fameux Far West, dont les frontières furent repoussées par les pionniers et aventuriers américains jusqu’à l’arrivée au Pacifique. Par contre, on connaît moins l’épopée russe qui partit du cœur de la Russie actuelle s’étendit vers l’Est, repoussant les limites du territoire jusqu’aux côte californiennes, après avoir revendiqué l’Alaska.
C’est cette histoire haute en couleurs, un miroir quasi parfait de l’aventure anglo-saxonne en Amérique, que raconte Yves Caron avec un pouvoir d’évocation extraordinaire. Il nous plonge dans l’aventure de ces premiers « hommes libres », des vagabonds, des paysans fugitifs, et autres forbans, qui partirent pendant le règne d’Ivan le Terrible vers l’Est, au-delà de l’Oural.
Leur destin fut réellement semblable à celui des coureurs des bois canadiens : ils découvrirent une immensité incommensurable, des territoires libres, quoique habités par des tribus parfois hostiles, et financèrent leur entreprise avec des pelleteries, car la Sibérie aussi n’avait que cette richesse à offrir, la fourrure réclamant moins d’efforts à prélever que les matières premières.
L’expansion vers l’Est dans le rugueux Kamtchatka fut d’abord freinée par la présence de la Chine, puis par le Pacifique, qui demeura longtemps un obstacle aux visées russes. Il fallut attendre le Commandant Béring, qui recherchait une route commerciale vers la Chine, pour que les Russes commencent à s’intéresser à ce qui se passait dans cette immensité d’eau, ce qui ne fut pas toujours sans risque, comme la tragique épopée du Saint-Pierre en témoigne. Néanmoins, les Russes parvinrent à prendre possession de l’Alaska et de nombreuses îles du Pacifique. Ils se rendirent jusqu’à la Californie espagnole où des liens amicaux, et même plus, furent noués avec les colons. Il aurait suffi de l’aval de la couronne espagnole pour que se développent des liens encore plus forts, ce qui n’aurait pas manqué d’affecter la suite des choses, si une alliance russo-espagnole s’était formée dans cette région…
L’expansion territoriale russe prit fin en 1860, lorsque l’Empire des tsars parvint à obtenir de la Chine les terres de l’Oussouri, annexant Vladivostok. Mais peu de temps après, l’Empire était amputé de ses territoires américains : déjà dès 1841 le Fort Ross en Californie avait été vendu, puis c’était au tour de l’Alaska d’être bradée à l’Amérique en 1867, mettant fin à une présence russe en Amérique qui aurait, c’est le moins qu’on puisse dire, compliqué l’histoire du siècle dernier.
Rémi Trembay
Yves Caron, L’expansion russe au-delà de l’Oural et en Amérique, Les Éditions du Lore, 2023, 117 p.
Les premiers contacts officiels entre l’Espagne et la Russie remontent au règne de Charles Ier d’Espagne également Charles V du Saint Empire Romain Germanique (chez nous dit Charles Quint 1500-1558), même si le premier ambassadeur russe auprès de l’Espagne a été nommé en 1667 (Piotr Potemkine). La première ambassade russe à Madrid a été établie en 1722. Et évidemment en Amérique l’Espagne était limitrophe de la Russie, comme elle l’était de la France…
On ne peut malheureusement refaire l’Histoire, d’autant qu’elle dépend beaucoup de ceux qui veulent la maîtriser, mais au moins que l’on puisse ne pas l’oublier…Un pays sans passer ne peut tenter de construire son avenir, car comment savoir où l’on va quand on ne sait d’où l’on vient et donc où l’on est.