Notre-Dame

Sous la tilma de Notre-Dame de Guadalupe

Le 10 décembre prochain aura lieu à l’église parisienne Saint-Eugène, dans le rite traditionnel, une messe en l’honneur de Notre Dame de Guadalupe. Daniel Castillo, l’un des organisateurs de la cérémonie, donne des précisions sur son origine et son succès.

Pourquoi cette messe ?

En 2014, un petit groupe de fidèles franciliens, rassemblé autour d’un prêtre mexicain, l’abbé José-Oscar Neri, ayant tous une grande dévotion à la Vierge de Guadalupe, s’est lancé dans l’organisation de sa solennité à Paris. Le 12 décembre est une fête d’obligation au Mexique. On y commémore la dernière des cinq apparitions de la Vierge à l’indien Juan Diego survenues en 1531 à Mexico-Tenochtitlan. C’est là-bas la plus grande fête mariale du calendrier dont on a peine ici à imaginer l’importance des manifestations de dévotion.

Nous nous sommes inspirés de la cérémonie organisée selon le rit moderne à la cathédrale Notre-Dame de Paris, en gardant les cantiques populaires à la Vierge de Guadalupe interprétés en espagnol par des musiciens mariachis et en ajoutant l’indispensable chant grégorien et des chants polyphoniques issus du répertoire des cathédrales de la Nouvelle-Espagne et des vice-royautés d’Amérique du Sud. Tout cela sublimé par l’extraordinaire rit traditionnel de l’Eglise catholique.

Combien rassemble-t-elle de fidèles ?

Lors de la première messe, nous étions une poignée généreusement accueillis au Centre Saint-Paul à Paris par l’abbé Guillaume de Tanoüarn. Ensuite, l’affluence n’a fait que croître. Grâce à Dieu, nous avons toujours pu maintenir une célébration publique en dépit des grèves diverses et confinements dus au Covid-19. La messe rassemble aujourd’hui entre 300 et 500 fidèles venus de toutes l’Ile-de-France et même de province : Français jeunes et moins jeunes et fidèles issus des communautés latino-américaines immigrées en France (Mexique, Pérou, Colombie, etc.).

Y aura t’il cette année une particularité ?

Ce sera une année exceptionnelle au niveau musical puisque les fidèles auront l’occasion d’entendre pour la première fois en France la messe à cinq voix avec violons et hautbois composée par le maestro Manuel de Sumaya, maître de chapelle des cathédrales de Mexico puis de Oaxaca entre 1715 et 1755, et l’un des plus éminents compositeurs de la période baroque dans la Vice-royauté de Nouvelle-Espagne.

Le mouvement baroque s’est incarné aux Amériques dans la construction d’édifices religieux et profanes mais aussi dans la musique sous l’influence de l’Europe, enrichi par des rythmes indigènes et africains. Citons le cas de Manuel de Sumaya qui a étudié les opéras italiens avant d’écrire le sien propre – Partenope – le premier opéra composé en Nouvelle-Espagne. Durant cet âge d’or de la musique au Mexique, les budgets alloués par les chapitres cathédraux à la musique sacrée étaient colossaux, notamment à Puebla et à Mexico. De nombreuses créations originales y sont nées dont une partie a été perdue à cause des vicissitudes de l’histoire.

Ce dimanche 10 décembre sera donc pour les fidèles présents en l’église Saint-Eugène l’occasion de découvrir une très belle partition lors d’un voyage spirituel et musical aux Amériques. Je dois remercier le chef Jean-Philippe Sarcos de l’Académie du Palais Royal qui a accepté de relevé le défi il y a quelques mois et dirigera l’ensemble vocal et instrumental.

Au Mexique, la basilique où est exposée la tilma (le manteau) de Juan Diego est-elle toujours le lieu de dévotion catholique le plus visité après le Vatican ?

Certainement, ce sont près de 20 millions de pèlerins qui visitent tous les ans la basilique moderne Notre-Dame-de-Guadalupe sur la colline du Tepeyac, dans le nord de la capitale, Mexico, la période autour du 12 décembre étant la plus fréquentée. Construite en 1976, cette basilique permet d’accueillir un plus grand nombre de pèlerins que dans la Vieille Basilique bâtie au 16e siècle, devenue trop petite et qui menaçait de s’effondrer.

C’est dans la basilique moderne qu’est exposée l’une des plus spectaculaires reliques de la chrétienté, la tilma où l’image de la Vierge Marie s’est miraculeusement imprimée le 12 décembre 1531. Le miracle devait achever de convaincre l’évêque Mgr Juan de Zumárraga de l’authenticité des apparitions vécues par le voyant Juan Diego. Il marqua le début de la conversion massive des indigènes du Mexique à la vraie foi.

Pourquoi Jean-Paul II a-t-il donné à Notre-Dame de Guadalupe, en 1999, le titre de « protectrice des enfants non encore nés » ?

L’image apparue sur le manteau de Juan Diego représente une Vierge métisse portant un enfant. A l’époque, la ceinture noire autour de la taille manifestait chez les femmes indigènes la grossesse. Notre Dame de Guadalupe est la Vierge de l’Avent qui annonce la venue au Monde de l’Enfant-Dieu, priée de par le monde notamment par les parents qui attendent un enfant et par les défenseurs de la vie.

Propos recueillis par Anne Le Pape

• Dimanche 10 décembre 2023 à 15h45 messe solennelle en l’honneur de Notre Dame de Guadalupe, reine du Mexique, patronne des enfants à naître, église Saint-Eugène 4 bis rue Sainte-Cécile 75 009 Paris.

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