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Les lectures de Madeleine Cruz : Révolution et aristocratie, un oxymore ?

D’après la photo de quatrième de couverture et d’après son résumé de carrière, l’auteur de l’essai intitulé Pour une révolution aristocratique, qui vient de paraître avec une préface de David L’Epée (Eléments, Krisis) semble très jeune. Les ambitions que ce professeur de philosophie fixe à son livre sont également celles d’un homme jeune. On ressent l’ivresse d’un idéaliste, gorgé de lectures faisant appel à la grandeur d’âme.

Il cite Bergson : « Vienne l’appel des héros : nous ne le suivrons pas tous, mais nous sentirons que nous devrions le faire. Et nous connaitrons le chemin, que nous élargirons si nous passons ». Pour Furiet comme pour son préfacier, l’exigence de grandeur est compatible avec les contraintes et les règles du monde moderne, même si tout homme n’est pas appelé à l’héroïsme. Et si le livre se termine par une référence à Péguy et à Hélie de Saint-Marc, on sent bien que cela correspond à un choix longuement muri.

Pour une révolution aristocratique, essai de philosophie morale et politique, par Louis Furiet, préface de David L’Epée, L’Aencre, 2023, 136 p.

Tout Bernard Faÿ réédité ?

Aujourd’hui : Bernard Faÿ raconte Napoléon

Bernard Faÿ fut un grand expert de la maçonnerie. Cet historien, « dixhuithiémiste » réputé, a bien évidemment découvert, dans le cadre de ses recherches, l’influence de cette secte sur le cours des évènements de l’époque. Plus tard son poste d’administrateur de la Bibliothèque nationale lui a donné accès aux archives les plus cachées du Grand Orient. Il en a tiré quelques ouvrages essentiels, et surtout le recueil des Documents maçonniques, réédités dans les années 2000 par Emmanuel Ratier. Cette compétence, les polémiques qui en ont découlé, sa condamnation en décembre 1944, du fait de ses écrits et de sa fidélité au maréchal Pétain font un peu oublier aujourd’hui le grand historien.

C’est tout le mérite du petit livre L’agonie de l’empereur, qui vient de paraitre, que de rappeler à notre mémoire que Faÿ fut d’abord et avant tout un historien exceptionnel. Dans ce petit ouvrage, paru en 1943, et tout récemment réédité, nous assistons aux dernières années de l’empereur à Saint-Hélène. Pas de révélations fracassantes sur Napoléon et ses proches, mais une très bonne restitution des années 1815 à 1821.

Peu à peu c’est toute l’œuvre de Bernard Faÿ qui semble sortir de l’oubli, grâce à ces rééditions récentes, en particulier chez l’éditeur Déterna (Francephi diffusion BP 20045 53120-Gorron). Il était temps que ce contemporain de La Rocque, Proust ou Béraud, trouve lui aussi une place pleine et entière dans notre panthéon personnel.

L’agonie de l’empereur, par Bernard Faÿ, Déterna, 2023, 108 p.

Apologie du méchant

Faire l’apologie du méchantn’est pas un exercice très difficile pour un homme de droite, et a fortiori quand ce même homme de droite est qualifié d’extrémiste. Il est en effet méchant s’il s’en défend ; il est très méchant quand sa voix porte ; et pour peu qu’il soit lu, écouté, voire « vu à la télé », alors il est très très méchant aux yeux des adeptes de la pensée unique et du wokisme.

Plusieurs auteurs se sont récemment essayés à tenter une Apologie du méchant dans un petit ouvrage provocateur d’une centaine de pages. Des auteurs d’ailleurs parfaitement qualifiés pour cet exercice car ils ont tous la réputation d’appartenir au « camp du mal ». Voici donc, entre autres, Arnaud Bordes, qui nous parle de L’Olonnois, le fameux pirate des Sables d’d’Olonne, Alain Sanders qui voit en Olrik un complice plus qu’un ennemi, Pierre Gillieth qui nous donne des nouvelles du Dr Mabuse, Xavier Eman qui réhabilite le volvoïde Vlad, rempart de la chrétienté, Aristide Leucate qui se met au service de L’Ombre jaune etc. Thierry Bouclier lui, a choisi Landru, nous révélant au passage le nom -inattendu- de sa douzième victime. Quant à Bruno Favrit, il nous raconte un DSK « au pays des longues queues », Landru aux petits pieds de notre époque, en quelque sorte.

Tout cela est assez fin et spirituel, avec pas mal de clins d’œil et de renvois à l’actualité. A quand une suite ? A écouter les médias, les méchants sont de plus en plus nombreux, en passe d’être majoritaires dans le pays. Que d’apologies en perspective !

Apologie du méchant, collectif, Ed. Auda Isarn, novembre 2023, 124 p.

Madeleine Cruz

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