La cancel culture poursuit son œuvre destructrice aux États-Unis et c’est le Minnesota qui va en faire les frais. En cause ? Son drapeau, jugé raciste en raison de son sceau, décrété colonialiste en diable car on y voit un fermier blanc travaillant son fusil à portée de main cependant qu’un Amérindien galope à l’horizon. Adopté le 2 août 1983, ce drapeau a connu plusieurs versions depuis 1893, mais le sceau du Minnesota avait toujours été présent. Cette fois-ci il va bel et bien disparaître. Choisi le 19 décembre 2023, le nouveau devrait flotter à compter du 11 mai 2024, date de la fête locale.
C’est le 22 mars 2022 que deux membres démocrates de la Chambre des représentants du Minnesota présentaient un projet de loi visant à changer l’actuel drapeau ainsi que le sceau de cet État, texte stipulant que le nouveau drapeau et le nouveau sceau « doivent refléter avec précision et respect l’histoire commune, les ressources et les diverses communautés culturelles du Minnesota ».
Parmi les 2123 propositions, seules six furent retenus. C’est finalement le modèle F1953 d’Andrew Prekker qui fut choisi. Initialement il présentait un tricolore sur la droite représentant la neige, l’agriculture et les lacs et sur la gauche l’Étoile du Nord blanche.
La version finale sera légèrement modifiée, supprimant le tricolore et la forme de l’étoile.
Loin de vanter la colonisation de l’Amérique, le drapeau du Minnesota racontait son Histoire et permettait justement de se souvenir du passé pour les nouvelles générations d’Américains. Très épuré, le nouveau drapeau ne racontera finalement pas grand-chose. A noter qu’en 2021 déjà, le Mississippi avait dû abandonner son drapeau rappelant trop les États confédérés d’Amérique.
Quel État sera la prochaine victime des épurateurs ? Lesquels ont déjà sévi chez nous. Après les premières élections régionales de 1986, beaucoup de nos régions avaient choisi des logos évoquant leur passé. La plupart y ont renoncé, à l’instar de l’Ile-de-France qui a remplacé ses trois lys d’or sur fond bleu roi par une improbable étoile à sept branches.
Jérôme Dusentier