Petit clin d’œil en début de film à qui a connu les intérieurs irlandais jusque dans les années 80 – l’action se situe en 1967 dans un quartier ouvrier de Dublin – et retrouve la présence de crucifix, de bénitiers et de statues religieuses ; sans doute est-ce devenu différent de nos jours… Nombreux, à l’époque, étaient les Irlandais qui, s’ils étaient venus en France, y avaient fait uniquement le pèlerinage de Lourdes.
Ainsi Lily, la plus âgée des personnages du film – qu’incarne la fameuse Maggie Smith, vieille dame toujours réussie –, Eileen, mère et grand-mère d’une nombreuse tribu et la jeune Dolly, avec son petit Daniel qui ne parle toujours pas alors qu’il a largement l’âge pour le faire, rêvent-elles de pouvoir se rendre dans la ville devenue célèbre par les apparitions de la Vierge à Bernadette. Deux d’entre elles au moins ont une demande particulière à y présenter. Grâce à la générosité du tout jeune gagnant à un concours organisé au profit de la paroisse, elles peuvent embarquer – malgré le manque d’enthousiasme de chacun de leur conjoint, peu ravi de les voir s’éloigner – dans le car qui va les mener, en compagnie du père Dermot, leur curé, vers la terre promise. Mais cela dans la compagnie, qu’elles ne désirent pas le moins du monde, de Chrissie, fille de leur amie Maureen qui vient de mourir. Interprétée tout en finesse par Laura Linney, Chrissie a quitté Dublin depuis 40 ans et n’y est revenue qu’à l’occasion du décès de sa mère. Pourquoi ce long silence, à la suite de quel drame, dans lequel manifestement Lily et Eileen sont impliquées ?
Et les miracles attendus ?
Les pèlerines seront-elles exaucées ? Sans doute pas comme elles le prévoient. Le père Dermot le glisse à l’une d’elles : « On ne vient pas à Lourdes forcément pour obtenir un miracle, mais pour avoir le courage d’avancer sans miracle. » Après qu’elles ont mis tant d’espoir dans ce voyage, la déception guette nos Irlandaises. Mais, sincères avec elles-mêmes et surtout avec leur entourage proche, elles vont comprendre le cheminement que ce pèlerinage leur a permis d’emprunter vers le nécessaire pardon et la réconciliation. Chacune revient libérée d’un fardeau qu’elle portait sans pouvoir le partager. Quant au fait nouveau que personne ne remarque sur le moment concernant le petit Daniel, il laisse entrevoir que la Providence intervient bien, même si c’est dans les coulisses…
Anne Le Pape
• Sortie en salles le mercredi 24 janvier 2024.
