« Missak Manouchian, vous entrez ici en soldat, avec vos camarades, ceux de l’Affiche, du mont Valérien ; et avec tous vos frères d’armes morts pour la France ».On imagine le présidentiel cabotin répétant longuement devant son psyché son discours du 21 février au Panthéon, un discours dont la préciosité scolaire l’a emporté sur la solennité désirée avec sa série d’anaphores empruntés à Louis Aragon (« Est-ce ainsi que les hommes vivent… ») et l’action des tueurs de la FTP-MOI qualifiée d’« odyssée du XXème siècle », rien que ça.
Un crminel encouragement au terrorisme
Alors que se poursuivait devant la cour d’assises spéciale de Paris le procès de sept djihadistes accusés des attentats de Trèbes et de Carcassonne mars 2018 (bilan : quatre morts, dont une jeune femme et le colonel de gendarmerie Beltrame, qui s’était sacrifié pour sauver la vie d’une otage)), quel vibrant encouragement aux terroristes actuels et à tous les jeunes allogènes qui rêvent de finir soldats eux aussi, mais du Califat ! En exaltant les « Français de préférence » qu’auraient été les apatrides fusillés le 21 février 1944 par les Allemands au Mont-Valérien, Emmanuel Macron a-t-il songé à l’interprétation qui ne manquera pas d’être faite dans les banlieues — ne serait-ce que pour justifier les prochains attentats — de ses dithyrambes ? D’autant plus malvenus du reste que, comme nous le signalions ici récemment, Manouchian et ses camarades ne s’étaient engagés (très tardivement : bien après la rupture du pacte germano-soviétique et sur ordre exprès de Moscou) dans l’action non « pour la France », mais pour le communisme. Plus exactement pour l’Union soviétique et son guide Staline, le « petit père des peuples » dont la mort le 5 mars 1953 plongea l’univers dans le désespoir, si moins si l’on en croit les numéros de l’époque de L’Humanité, journal auquel le même Macron vient d’accorder une interview… pour y fustiger le Rassemblement national dont les représentants auraient d’ailleurs dû s’abstenir de participer à la farce tragique du Panthéon.
Le véritable Missak : homme d’honneur ou donneur ?
Farce tragique, dans laquelle l’Elyséen n’a pas hésité à embringuer la Légion étrangère, car « on distord les faits pour construire la légende » accusait déjà le 17 février dans L’Express l’historienne Annette Wieviorka qui s’efforçait de rétablir la véritable histoire du « groupe Manouchian ». Lequel en tant que tel, « n’a jamais existé maisn’a été désigné ainsi qu’en 1954, lorsque le groupe PCF au conseil municipal de Paris a obtenu de nommer une rue « Groupe-Manouchian ». ». Or, aujourd’hui, « on se focalise sur un couple ! Tout part du poème écrit par Aragon en 1956, mis en musique trois ans plus tard par Ferré qui l’a fait connaître sous le titre L’Affiche rouge. Ce texte évoque Missa et cite Mélinée. Dès lors, c’est comme si l’histoire racontée par Aragon avait tenu lieu de récit historique ! »
C’est aussi à la vérité historique que, dans un remarquable entretien accordé au Figaro, s’est attaché un autre historien, Stéphane Courtois (pourtant d’extrême gauche à l’origine mais maître d’œuvre du Livre noir du communisme qui, publié en 1997 par Laffont, provoqua un mémorable séisme). La célébration du Panthéon, accuse-t-il, « repose sur une héroïsation résistantialiste construite par le Parti communiste dès l’après-guerre. Si sa mort précoce face à l’ennemi ne peut qu’émouvoir et susciter l’admiration, en réalité, Missal Manouchian fut un modeste résistant. Avant son entrée, en février 1943, dans les Francs-tireurs et partisans de la main-d’œuvre immigrée parisiens (FTP-MOI), son activité était d’ordre propagandiste. Du 17 mars à son arrestation le 16 novembre 1943, il n’a participé qu’à une seule action qui lui a attiré les foudres du chef militaire, Boris Holban, pour ne pas avoir respecté les règles élémentaires de clandestinité. Nommé fin juillet à la place de Holban, écarté parce qu’il contestait la stratégie jusqu’au-boutiste dictée par le Parti, il est filé pendant deux mois sans s’en préoccuper outre mesure, permettant à la police de repérer sa planque. Suivi le 16 novembre, il guide les policiers jusqu’à son chef, Joseph Epstein. Arrêté, il est conduit à la Préfecture de police où il livre d’emblée de nombreuses informations, en particulier ses rendez-vous avec Marcel Rayman et Golda Bancic, tous deux immédiatement arrêtés à leur tour… »
En fait, poursuit Courtois, « la vraie patrie du couple Manouchian était l’URSS »… L’“internationalisme” que les promoteurs de leur panthéonisation prêtent à Missak et Mélinée, c’est surtout “l’internationalisme prolétarien”, expression de langue de bois signifiant l’obéissance absolue à Moscou et à Staline. L’ouverture des archives du Komintern a montré jusqu’où allait cette soumission des communistes français : discuter de la reparution de L’Humanité en août 1940, avec Otto Abetz, le représentant personnel de Hitler à Paris », que ne dédaignait pas de fréquenter le très haut dignitaire du parti Marcel Cachin.
L’axe Macron-PC : objectif 9 juin
Mais c’est le même Parti communiste qui, par la voix de son secrétaire général Maurice Thorez, ancien pacifiste à tout crin puis, en septembre 1939, déserteur réfugié à Moscou, revendiquera en 1947 quelque « 350.000 communistes français fusillés » — affirmation extravagante réduite plus tard par le PCF se présentant plus modestement comme « le parti des 75 000 fusillés » … Alors que, comme le rappelle encore Stéphane Courtois, on compta en tout 4500 résistants exécutés par les Allemands, dont la moitié de communistes, de 1940 à 1944. Chiffre établi par une équipe d’universitaires dans le Dictionnaire biographique des fusillés de 1940-1944, (Ed. de l’Atelier, 2015)
Pourquoi donc une telle complaisance de Macron vis-à-vis du PC dont l’actuel patron, Fabien Roussel, plastronnait au premier rang au Panthéon ? Sans doute le chef de l’Etat espère-t-il qu’en remettant en selle la légende dorée et l’appareil communistes, il fera revenir au bercail les cocos égarés au Rassemblement national. Et surtout qu’il fera oublier aux Français ses compromissions, voire sa complicité active, avec les lobbys mondialistes et capitalistiques qui ruinent notre pays, et surtout son alignement sur l’atlantisme. On verra le 9 juin si son calcul était bon.
Camille Galic
Parmi les couples mythiques, on avait Philémon et Baucis, Héloïse et Abélard, Dante et Béatrice. Voici, par la grâce de Macron laquais du PCF, le coupole idéal Missak et Mélinée. Sic transit…