Badinter

Badinter à l’École Nationale de la Magistrature

Dans les années 1980, L’ENM avait organisé un séminaire et le clou de la session devait être l’intervention de Me Robert Badinter qui se sentait pousser des ailes.
Il ne manqua pas de développer son thème favori, « l’abolition de la peine capitale » devant un public acquis d’avance car, à l’ENM, le Syndicat de la Magistrature était majoritaire et largement favorisé par la Direction de l’École.


Il développa bien sûr avec sa faconde habituelle sa thèse qui oublie intentionnellement les victimes pour s’apitoyer seulement sur l’assassin « coupé en deux ».Il n’eut droit qu’à des applaudissements, à l’exception d’un jeune procureur impertinent qui lui prédit les funestes conséquences de cette suppression.
Cette remarque fut froidement accueillie et écartée d’un revers de main par l’orateur.
Mais aujourd’hui, les thuriféraires de l’ancien Garde des Sceaux ne s’expriment pas sur la catastrophe des prisons françaises qui ne remplissent plus aucune de leurs missions pour de multiples raisons.
D’abord il n’existe pas de peine perpétuelle : la CEDH s’y oppose formellement.
Pour de nombreuses raisons, l’autorité de l’Administration pénitentiaire s’est effacé et l’ordre qui règne dans les prisons est le plus souvent celui des mafias islamiques ou autres. Parmi les conséquences, il y a la multiplication des rixes , l’insécurité permanente des gardiens (certains sont même en danger de mort), les trafics en tous genres(drogue ,téléphones, prostitution etc) l’accroissement du nombre des suicides (celui des détenus et aussi celui du personnel pénitentiaire)…
Mais revenons à la CEDH : c’est elle qui a inspiré les règles pénitentiaires européennes1 qui est l’application des Droits de l’Homme chez les détenus2, dont l’une des conséquences est l’interdiction du travail forcé dans les prisons. Or, comme chacun le sait : « l’oisiveté est la mère de tous les vices », et faute d’occupation, les détenus qui n’ont ni les enseignants indispensables en nombre suffisant, ni les ateliers qui leur permettraient de « cantiner », ont tendance à sombrer dans la dépression et le suicide est fréquent : c’est ce que j’ai appelé la peine de mort clandestine.
Lorsque Badinter a fait voter sa loi d’abolition de la peine capitale, il savait qu’il s’opposait au vœu de la majorité des Français (même si le 18 septembre 1981 il y eut une majorité de 363 voix contre 117 opposants) car il se rappelait certainement comment il avait dû sortir en catimini de la Cour d’assises de Toulouse où le public lui était majoritairement hostile et continuait à penser que le récidiviste Norbert Garceau devait être mis définitivement hors d’état de nuire.
L’affaire était emblématique des conséquences prévisibles de l’abolition : en 1953, N.Garceau avait étranglé une fillette de 15ans après l’avoir violée et, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, il était libéré en 1972. En 1978, il a récidivé en tuant sa collègue de travail. Voilà le succès dont Me Badinter était si fier et qu’il faut rapprocher du nombre effroyable des crimes du même genre qui sont aujourd’hui rapportés dans la chronique des faits divers, et dont le nombre ne cesse de croître.

Paul-André Maur

1 Les Règles pénitentiaires européennes ont été adoptées par le Comité des ministres du Conseil de l’Europe le 11 janvier 2006 et révisées en 2020 :

2 Les personnes privées de liberté doivent être traitées dans le respect des droits de l’homme. (article 1)

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