Comme je l’annonçais la semaine dernière la loi d’amnistie exigée par Carles Puigdemont, le chef des indépendantistes catalans qui avait entraîné un mouvement considérable contre l’état espagnol, sa constitution et ses institutions, vient d’être votée par 178 voix contre 172.
L’examen de la loi va désormais passer au Sénat dominé par le parti populaire, mais malgré l’opposition de la chambre haute qui tentera de retarder l’application du texte, la loi sera sans doute entérinée définitivement fin mai selon les observateurs.
Cette mesure qui permet de blanchir même les actes de terrorisme et de trahison, et qui ne faisait pas partie du programme du PSOE de Pedro Sanchez en juillet 2023, au moment des élections législatives, constitue un détournement total du droit pénal espagnol au profit des seuls critères du droit européen comme l’ont reconnu les députés Junts eux-mêmes lors du débat avant le vote, se félicitant de la conformité de ces dispositions au droit européen.
Alberto Feijoo le leader du parti populaire, le premier parti aux Cortes a eu beau dénoncer la soumission de Sanchez aux indépendantistes catalans, et Santiago Abascal le chef de Vox « un cas de corruption », rien n’y a fait. D’ailleurs Sanchez a refusé de participer aux débats, arrivant dans l’hémicycle juste avant le vote. Cette attitude hautaine et méprisante lui est habituelle.
Le 30 janvier, les 7 députés Junts avaient refusé de voter la loi qui n’incluait pas les délits de terrorisme et de trahison. Immédiatement la plus haute instance judiciaire espagnole annonçait la reprise des poursuites contre Puigdemont exilé en Belgique. Sanchez était donc soumis à une pression considérable des indépendantistes catalans.
Feijoo a pourtant dénoncé toujours et encore comme Vox la division de l’Espagne ainsi « qu’une absence absolue de conviction et de scrupules » de la part de Sanchez, et, comme en écho, un député catalan, Joseph Cervera rappelait au premier ministre que de toute façon « le conflit politique entre la nation catalane et la nation espagnole existe toujours ». Comme quoi les indépendantistes catalans n’ont strictement aucune reconnaissance envers le PSOE, qui pourtant a fait exactement ce qui lui était demandé, le doigt sur la couture du pantalon. Jamais un tel exemple de soumission électoraliste n’avait été à ce point enregistré.
Cette affaire qui secoue grandement l’Espagne intervient de surcroît dans un climat délétère de plaintes nombreuses contre divers barons socialistes dont la présidente actuelle des Cortes Armengol, qui était alors présidente des Baléares jusqu’en mai 2023, pour des faits de prévarications lors de la crise sanitaire dans le cadre de marchés publics qui auraient été frauduleux.
Des élections auront lieu prochainement au Pays basque puis à l’automne en Catalogne. Il y a fort à parier que les indépendantistes de ces deux régions vont encore progresser. A moins que les élections européennes de juin ne rebattent les cartes pour la Catalogne ? L’éclatement de la nation espagnole n’a jamais été aussi proche. Cela contaminera-t-il d’autres pays européens comme la France ? Rien n’est moins impossible.
Michel Festivi
La Catalogne, de part et d’autre des Pyrénées, doit pouvoir devenir indépendante et membre directe de l’UE.
Oui puis la corse,la Bretagne l’Alsace laNouvelle Caledonie la Guadeloupe la Martinique, le pays basque etc etc.,,,
Puisque, après avoir reconnu et applaudi l’indépendance du Kossovo, foyer national serbe, la plupart des pays de l’Union, Espagne et France comprises, reconnaissent la non-russité de l’Ukraine — qui n’a jamais existé en tant qu’Etat souverain ou que véritable entité culturelle — et considèrent la Russie comme un agresseur et un envahisseur qu’ils condamnent, je ne vois pas comment ils pourraient s’opposer à l’indépendance de la Catalogne, du Pays Basque, de la Bretagne, de la Corse ou de l’Alsace. Sans parler de la Martinique et de la Guadeloupe… Je ne souhaite pas le démembrement de la France et de l’Espagne mais un peu de logique, s’il vous plaît !
L’Espagne, tant gouvernée par le Parti Populaire que le Parti Socialiste, ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo, bien consciente que cette reconnaissance donnerait des ailes aux revendications indépendantistes des Catalans.