Vous vous souvenez sans doute des malheurs du dessinateur d’extrême gauche, Siné. En 2008 ce collaborateur régulier de Charlie Hebdo avait été accusé d’antisémitisme, (le fameux syndrome de la Révolution qui dévore ses enfants), et licencié de l’hebdomadaire anarcho-bobo. A la suite de ce « drame », Siné avait lancé son propre journal, hebdomadaire, d’abord, puis mensuel.
Le 141e numéro a été mis en vente mercredi dernier, mais la gérante, madame Weil-Siné, qui n’est autre que la veuve du dessinateur, explique avec finesse (ce brûlot s’est toujours caractérisé par son bon goût et sa finesse …) que si le journal milite pour l’euthanasie, il aimerait néanmoins, pour sa part, continuer à vivre. « Pour le moment, je suis bien vivante, mais le journal, lui, est dans le rouge, l’écarlate même », précise-t-elle encore.
La veuve Siné, qui a 82 ans, et ne manie plus, depuis longtemps le pavé dans les rues du quartier latin, lance donc un appel à la générosité de ses lecteurs. Dans le passé, ce genre d’appel a pu rapporter jusqu’à 220 000 euros. Si une telle somme était collectée, cela permettrait de combler le déficit annuel du titre, qui est habituellement de ce montant, explique la veuve Siné.
Le mensuel, qui est vendu 6,50 euros, pour 24 pages, emploie 5 salariés, ainsi que 60 pigistes et 40 dessinateurs. Il ne compte pratiquement pas d’abonnés, et vivrait de la seule vente en kiosque (revendiquée à hauteur de 10 000 exemplaires par mois). La veuve Siné ne communique pas sur le montant des aides gouvernementales…
Les accusations d’antisémitisme dont Siné avait fait l’objet semblent dorénavant pardonnées, ou au moins oubliées, puisque la plupart des grands médias, à commencer par Le Monde, ont apporté cette semaine leur soutien à la campagne de dons.
Ces puissants relais suffiront-ils à sauver le titre ? Ou faudra-t-il que l’Etat aille plus loin, comme pour L’Humanité ? La réponse à cette question nous angoisse au plus haut point.
Agathon
