Le 25 août, le calendrier sanctoral romain appelle à méditer sur la vie de Saint-Louis. Si l’Église a reconnu la sainteté du fils de Blanche de Castille et petit-fils de Philippe Auguste, l’histoire a retenu le rôle de ce grand chrétien qui régna aussi sur la France sous le nom de Louis IX.
Autrefois, l’école représentait le roi Saint-Louis siégeant à Vincennes sous un chêne où il rendait la justice. C’est en effet un sens profond de la justice et un don pour l’arbitrage qui caractérisèrent le règne de Saint-Louis. Comme le montrent les images d’Épinal, les Français pouvaient s’adresser directement au Roi pour le règlement des litiges qui les opposaient. Mais Saint-Louis renouvela également en 1245 la « Quarantaine-le-roi », une obligation pour les clans en conflit de respecter un délai de réflexion de quarante jours destiné à apaiser les tensions. Par la « Grande ordonnance de réformation » de 1259, Saint-Louis posa les fondements de la présomption d’innocence qui devint un principe fondamental du droit.
Profondément chrétien, Saint-Louis participa aux septième et huitième croisades, et c’est au cours de la huitième croisade, en 1270, qu’il mourut de la peste devant Tunis, à l’âge de 56 ans.
La vie exemplaire de Louis IX conduisit le pape Boniface à canoniser le roi le 11 août 1297. Un chroniqueur, Jean de Joinville, qui fut aussi un proche de Saint-Louis, relata l’horreur que le roi éprouvait pour le péché, ainsi que l’amour qu’il portait aux petites gens.
Un jour, le roi appela Joinville et lui demanda s’il aurait mieux aimé être malade de la lèpre, ou avoir commis un péché mortel. La lèpre était alors une terrible maladie, d’autant plus redoutée qu’elle était alors incurable. Joinville répondit qu’il aurait préféré avoir commis trente péchés mortels, plutôt que d’être lépreux. Le lendemain, Saint-Louis appela Joinville et lui dit en aparté : « Vous parlâtes en étourdi et en fou ; car vous devez savoir qu’il n’y a pas de lèpre si laide que d’être en péché mortel, parce que l’âme qui est en péché mortel est semblable au diable : c’est pourquoi il ne peut y avoir de lèpre si laide. Et il est bien vrai que quand l’homme meurt, il est guéri de la lèpre du corps ; mais quand l’homme qui a fait le péché mortel meurt, il ne sait pas ni n’est certain qu’il ait eu en sa vie tel repentir que Dieu lui ait pardonné (…) Aussi je vous prie (…) d’habituer votre cœur pour l’amour de Dieu et de moi, à mieux aimer que tout mal advint à votre corps par la lèpre et toute autre maladie, que si le péché mortel venait dans votre âmei ».
La personne de Saint-Louis nous instruit de l’histoire de France autant que des préceptes de la foi chrétienne. C’est pourquoi ce grand roi mérite de figurer au Panthéon des hommes illustres dont la vie doit nous édifier et, si possible, nous inspirer au quotidien dans nos pensées autant que dans nos actes.
André Murawski
i Jean, Sire de Joinville, Histoire de Saint-Louis, Paris, Librairie Firmin Didot Frères, fils et Cie, 1874