écoles de journalisme

Ça bouge dans les écoles de journalisme !

L’Ecole Supérieure de Journalisme de Paris, qui fut autrefois une école importante, change de main. Elle vient d’être reprise par un groupe de chefs d’entreprises ayant des intérêts dans les médias. Ce consortium réunit en effet les propriétaires du Parisien, des Echos, de La Croix, du Pèlerin, de RMC, de BFM, de Canal+, du Figaro, de La Provence etc.

Ce qui étonne dans cette relance de la plus ancienne des écoles de journalisme (fondée en effet en 1899), qui était en perdition, c’est que les repreneurs ont des sensibilités assez variées, et qu’on n’imaginait pas forcément qu’ils pouvaient se trouver des intérêts communs. Derrière ces titres de médias on trouve en effet des noms qui font souvent la une de l’actualité, économique et parfois politique : Bernard Arnault et Rodolphe Saadé (qui roulaient pour Macron quand Macron existait encore), Dassault (le bienfaiteur historique de LR et de ses ancêtres successifs) ou Bolloré, la bête noire de la gauche française, généralement qualifié par celle-ci de « milliardaire catho intégriste d’extrême droite ».

Qui plus est l’ESJ Paris va être dirigée par Vianney d’Alançon, un relativement jeune (40 ans) chef d’entreprise, régulièrement attaqué par la gauche en raison d’un certain affichage de ses orientations identitaires chrétiennes et provençales. Il est notamment le fondateur du parc « Le Rocher Mistral », accusé par l’extrême gauche locale de faire « la promotion d’une Provence blanche, catholique et aristocratique ».

Cela fait un moment que le monde des écoles de journalisme est en ébullition : Il n’avait pas échappé, comme Sciences po. et quelques autres, à la gauchisation post-soixante-huitarde des élites bourgeoises. Mais cette gauchisation appliquée à un secteur aussi lié à la politique que les écoles de journalisme a eu à la longue des effets aujourd’hui très visibles, à commencer par l’incroyable décalage entre les médias (en particulier ceux du secteur dit public ainsi que ceux de province) et les Français, sur des thèmes comme l’insécurité, l’immigration, le wokisme, l’histoire de France et plus généralement l’identité française, et autres thèmes politiques, économiques ou sociétaux.

En résumé, l’offre médiatique est en total décalage avec l’opinion publique. Heureusement, d’ailleurs, compte tenu des couleuvres que l’on essaie de nous faire avaler, en gros depuis un demi-siècle. Dans le domaine économique le hiatus est particulièrement spectaculaire, avec la persistance ubuesque de grilles d’analyse marxistes-léninistes, alors même que, dans les entreprises par exemple, le niveau des compétences économiques du personnel a beaucoup augmenté, y compris et peut-être d’abord chez les représentants du personnel.

Le signal d’alarme de l’OJIM

Par ailleurs l’effondrement des médias traditionnels, essentiellement mainstream, et leur survie artificielle à coups de subventions d’Etat, font émerger un monde de la communication qui ressemble de plus en plus à celui qui était en vigueur dans le monde communiste d’avant la chute du Mur.

Changer les formations des journalistes, amener ces derniers à oser sortir des positions du plus parfait conformisme, font donc sans doute partie des objectifs de cet investissement massif en direction de l’ESJ Paris.

Il faut reconnaître que le signal d’alarme était tiré depuis un bon moment. l’OJIM, l’observatoire du Journalisme, que dirige Claude Chollet, a publié de nombreuses études sur les désinformations organisées et coordonnées, au sein des médias (ultra-majoritaires) mainstream. Il a multiplié les portraits de journalistes du système, et diffusé des informations sourcées sur les groupes de médias, les liens entre eux, les engagements politiques des journalistes, avec ce slogan : « informer sur ceux qui informent ». Ces études ont fait prendre conscience, ces dernières années, du maillage extrêmement serré du monde médiatique par une coterie pour le coup assez réduite en nombre d’individus.

C’est à la source qu’il faut agir.

Le livre de Xavier Eman, Formatage continu, sous-titré : « Tour de France des quatorze principales écoles de journalisme », paru il y a quelques semaines, et édité avec le soutien de l’OJIM, précisément, participe à cette découverte, cette prise de conscience, que le problème ne se situe pas chez Médiapart ou à France Info, France Culture ou L’Obs, mais là où les futurs journalistes sont formés, ou plus exactement formatés, « dans le moule », écrit Xavier Eman. C’est dès ce niveau, et donc à la source, qu’il faut agir. Xavier Eman a identifié une seule école, sur les quatorze répertoriées et ayant fait l’objet d’une enquête, en l’occurrence l’Institut libre de Journalisme, susceptible d’être présentée comme une « alternative ». Mais une alternative « en construction », ce qui montre que le processus est seulement en train de se mettre en place.

La FACO -Faculté Autonome et Cogérée de droit, sciences économiques et gestion, s’intéresse actuellement aussi à ce type de formation, tout simplement parce qu’elle est sollicitée, semble-t-il, par de nombreux médias qui recherchent des journalistes non corsetés par des systèmes de pensée.

Heureusement la nature humaine sait s’adapter. Comme les Européens à l’époque du Mur, les Français pratiquent tous la lecture au second degré. Le catéchisme gaucho-bobo, libéral-libertaire, avec ses dogmes, ses censures, ses autocensures, et ses non-dits, est constamment bousculé par la réalité que nous vivons. Si le travail de formation au questionnement, et la recherche de la vérité derrière les apparences, ont eu du plomb dans l’aile, ces dernières années, le retour au bon sens peut aller plus vite qu’on ne pense.

Agathon

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