Marie

Pellevoisin : il y aura bientôt 150 ans

En septembre dernier, le village de Pellevoisin a été officiellement reconnu village marial. C’est le cinquième lieu français d’apparition de la Vierge, après la chapelle de la rue du Bac (1830), La Salette (1846), Lourdes, bien entendu (1858), et Pontmain (1871).

C’est en 1876, qu’une jeune femme du Berry, Estelle Faguette, qui vivait dans un village appelé Pellevoisin, eut une apparition, celle de la Vierge Marie. Elle eut même quinze apparitions successives, entre le 14 février et le 8 décembre de cette année-là.

Estelle avait une santé qui se dégradait. Elle souffrait d’une phtisie pulmonaire, d’une péritonite aigüe et d’une tumeur abdominale. Autant dire qu’elle était perdue. Or, au cours de cette série d’apparitions, la jeune femme fut totalement et définitivement guérie. Les avis médicaux et les témoignages précisent que la guérison fut « soudaine », « totale » et « durable ». Estelle avait 32 ans lors de sa guérison miraculeuse, et elle a vécu ensuite jusqu’à l’âge de 86 ans, ce qui, pour l’époque, constituait une longévité tout à fait remarquable.

Le caractère miraculeux de la guérison d’Estelle a été canoniquement reconnu le 8 septembre 1983 par l’archevêque de Bourges, rappelait Yves Chiron dans les pages de Présent, en 1995, pour regretter que le caractère surnaturel de ces apparitions n’ait pas été, lui, canoniquement reconnu. Mais depuis septembre 2024, l’Eglise, par un « nihil obstat » a levé toute réserve sur ces apparitions. Ce « nihil obstat » a ensuite été validé par décret par l’archevêque de Bourges, Monseigneur Beau, confirme le quotidien local, sous la plume du journaliste Pierre-Yves Rochecongar.

C’est une formidable nouvelle pour les chrétiens de la région centre, et spécialement pour la province du Berry. Dans le même département (l’Indre), il y a, à 50 kilomètres de là, l’abbaye de Fontgombault, dont l’influence est considérable, en particulier sur le monde du scoutisme.

Dans une région largement déchristianisée au cours du XXe siècle, nous avons donc dorénavant deux sites de polarisation de la piété. Sans oublier la Fraternité de la transfiguration, à Mérigny, à 60 kms de Pellevoisin, l’école catholique hors contrat Saint-Michel, le lycée technique privé Philibert-Vrau, le lieu de vie et d’accueil Saint-Jeanne de Valois pour handicapés, tous trois situés à Montierchaume, à 35 kms (plus de 200 élèves), les sœurs de la Fraternité Saint Pie X, à Ruffec (à 50 Kms) etc. Un vrai réseau, favorisé dans son développement, il faut le reconnaitre, par un positionnement assez central du département, et plus encore, par le coût de l’immobilier, qui est l’un des moins chers de France.

Nette croissance de population

Comme c’est le cas pour Fontgombault, le village de Pellevoisin s’attend à une nette croissance de sa population, car, note la presse locale, « le sanctuaire amène son lot de nouveaux habitants, souvent des retraités venus au plus près de ce lieu de dévotion chrétienne ». Pèlerins, visiteurs et touristes risquent donc d’affluer. Des passionnés de littérature, aussi, car c’est à Pellevoisin que repose Georges Bernanos (1888-1948). En 2018, à l’occasion du 70e anniversaire de sa mort, le journaliste et essayiste Sébastien Lapaque avait rassemblé ici de nombreux afficionados de cet écrivain majeur. Quelques années auparavant, l’association Maintenance du Berry avait fait de même.

Le village compte habituellement autour de 20 000 visiteurs par an (pour un village de 850 habitants, c’est déjà un phénomène). Mais le maire de Pellevoisin, Gérard Souget, s’attend à une croissance de la fréquentation du site de 15 à 20%.

Un scapulaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus

Le quotidien local, plutôt radical-socialiste, ne cache pas non plus son enthousiasme avec ce titre, relevé le 11 janvier : « Pellevoisin se prépare à devenir le Lourdes du Berry ». Il semble bien oublié le vieil anticléricalisme de ces campagnes qui furent rouges dans l’immédiat après-guerre ! Chacun pense déjà à l’embellissement du village, au développement d’un hôtellerie de proximité, à l’ouverture de commerces, notamment de commerces religieux, où se diffusera le scapulaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus. Le sanctuaire de Pellevoisin est un promoteur de cette dévotion, depuis 1877.

Estelle Faguette pourrait être béatifiée en 2026, à l’occasion du jubilé des apparitions. Pour le village, l’histoire semble donc ne faire que commencer, en fait.

Madeleine Cruz

Avec le concours de Francis Bergeron

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