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4,45 milliards d’euros pour la Culture. Pour quoi faire ?

« Le budget de la Culture amputé de 100 millions d’euros ! » Devant ce cri de révolte lancé le 17 janvier par le site de Télérama, ce fut la révolution dans la mare aux grenouilles. Quoi, toucher aux intermittents du spectacle, aux spectacles de rue, aux Titien du tag, aux Praxitèle des « installations » et autres génies dont s’enorgueillit la France macronienne ?

Devant les risques d’émeutes, immédiatement amplifiées par la Mediaklatura, et de grèves, notamment à l’Opéra de Paris dont les salariés — fort bien payés — ne ratent jamais une occasion de débrayer, le gouvernement a reculé. Finalement, au diable les indispensables économies, l’amputation ne porterait que sur 50 millions, alors que le budget total consacré à la culture dans le projet de loi de finances 2025 s’élève à 4,45 milliards d’euros. Rien que ça !

L’excitation était à son comble ainsi que l’hostilité contre « Dati la liquidatrice », comme l’a surnommée la CGT-Spectacle, quand on a appris l’ouverture le 5 février « dans le cadre de sa saison “Migrations”» au musée de l’Homme, d’une « exposition entièrement consacrée au wax, ce tissu emblématique du continent africain, dont les couleurs et les motifs ont traversé les frontières et les décennies » et qui, bien qu’il ne soit qu’une version tardive et plutôt ratée de l’antique batik indonésien, « connait une popularité sans précédent dans les sociétés occidentales ».

L’affiche choisie pour cette exposition, dont la commissaire est Mme Soloba Diakité, enseignante et historienne des arts africains, est une œuvre de la photographe Thandiwe Muriu, censée « interroger la place des femmes dans la société kényane ». Nul doute qu’elle va couvrir les murs du métro parisien, où elle aura parfaitement sa place. Attirera-t-elle les néo-Parigots grâce au Pass Culture (en franglais dans le texte) dont bénéficie depuis 2021 quelque 3,4 millions de jeunes, ce qui représente une dépense de plus de 200 millions d’euros par an pour le,ministère de la rue de Valois ? Mais, justement, la liquidatrice Rachida, laquelle « ne souhaite pas que cet outil devienne un chèque qui neservirait finalement qu’à entraîner un objectif consumériste », entend limiter les frais.

Il est vrai que, horresco referens, certains jeunes auraient utilisé leur Pass pour se rendre au Puy-du-Fou ou, pis encore, comme l’ont révélé des libraires révoltés, acheter l’autobiographie de Jordan Bardella, le juvénile président du Rassemblement national. Un scandale bien plus épouvantable que l’expo du musée de l’Homme. D’ici à ce que soit établie, et sans cesse remise à jour, une liste noire des achats interdits.

Claude Lorne

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