Seine

La guerre d’Algérie, suite sans fin

Jour de gloire pour Anne Hidalgo, le 5 juillet a vu pour la première fois depuis plus d’un siècle des Parisiens barboter dans la Seine, paraît-il débarrassée de toutes ses impuretés — au prix d’un milliard et demi d’euros de travaux. Mais cet événement a été considéré de l’autre côté de la Méditerranée comme une insupportable provocation.

Évidemment stimulés par le pouvoir en place, les Algériens qui célébraient (officiellement du moins ; sinon, pourquoi seraient-ils si nombreux à vouloir venir dans l’ancienne métropole ?) le même jour leur fête de l’indépendance accordée en 1962 par la France gaullienne, alors que la guerre était gagnée sur le terrain, ont protesté contre les festivités séquanaises.

La Seine, lieu de liesse ou « cimetière géant » ?

Qu’on se le dise, la Seine, avant d’être un fleuve festif, aurait été un « littéralement un cimetière géant avec des milliers de cadavres d’Algériens noyés dedans pendant la guerre d’Algérie ». Et notamment le 17 octobre 1961 quand des militants FLN manifestant bien sûr pacifiquement auraient été poussés dans l’eau par la police, qui aurait ainsi vengé la mort de 22 de ses membres tués dans des attentats également FLN depuis le début de l’année 1961.

A combien d’innocents ce « massacre » coûta-t-il la vie ? « Près de cinquante, parmi lesquels plusieurs femmes », selon le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) qui, pour faire bonne mesure, précisait que « les blessés se chiffrent par centaines » et qu’il y avait « plus de cent disparus ». Pour sa part l’Union générale des étudiants musulmans algériens (en France) affirmait que « des dizaines d’Algériennes et d’Algériens sont tombés sous les balles des colonialistes » avant d’être immergés.

De son côté, la préfecture de police admit deux morts parmi les manifestants, chiffre porté à sept par la mission Mandelkern créée en catastrophe après le tohu-bohu international déclenché par trois articles accablants du New York Times. Garde des Sceaux de 1997 à 2000 dans le gouvernement Jospin, la socialiste Elisabeth Guigou lancera à son tour une enquête. Déception pour Guigou et son conseiller mémoire, le communiste Jean-Luc Einaudi qui en tenait mordicus pour 393 morts  : la liste établie par ses limiers ne comprendra que 48 noms. Et aucune femme parmi les victimes.

D’un massacre l’autre

Mais qu’importe, on sait depuis la nuit des temps, et plus particulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale, que les gros chiffres l’emportent toujours dans l’imaginaire populaire quand ils sont imposés par le « camp du bien ». Lequel reste résolument aveugle devant d’autres massacres, tel celui d’Oran où, le 5 juillet 1962, avènement de l’indépendance algérienne, les fellagha fêtèrent leur victoire en abattant ou en égorgeant près de 400 Européens, femmes comprises, et une centaine de musulmans réputés hostiles au FLN. Une boucherie en gros à laquelle il faut ajouter des centaines de disparus dans le but à peine dissimulé (et pleinement atteint) de terroriser la population non indigène afin de la forcer à l’exode.

On ne s’étonnera donc pas de voir les Algériens exalter en toute impunité leurs martyrs réels ou supposés alors que le véritable martyr était en ce 5 juillet 2025 l’infortuné écrivain franco-algérien Mohamed Sansal condamné le 27 mars, malgré ses 80 ans et son cancer, à cinq ans de réclusion pour « atteinte à l’unité nationale » après avoir contesté les droits de l’Algérie sur le Sahara ex-espagnol. Mettre l’accent sur le « massacre » de 1961 — en oubliant celui de 1962 — justifie qu’une grâce présidentielle ait été refusée à ce renégat qui n’écrit qu’en français alors que le président Tebboune a gracié plus de 10 000 condamnés.

Cette rigueur a été déplorée par Emmanuel Macron. Mais n’est-ce pas le même Macron qui, le 16 octobre 2021, s’était rendu tout de noir vêtu sur le pont de Bezons, où il condamna solennellement les « crimes inexcusables de la République » en octobre 1961 ? N’est-ce pas un député de son parti Renaissance, Julie Delpech qui, de concert avec la Verte et fille d’immigrés Sabrina Sebaihi, fit voter le 28 mars 2024 une résolution visant à l’instauration d’une « journée commémorative du massacre » ? Résolution adoptée par 67 voix pour et 11 voix contre, celles des députés RN.

Nouvelle preuve que si le « négationnisme » sur certain sujet est durement réprimé par la loi, le révisionnisme de gauche peut, lui, s’exercer à plein. Fût-ce au détriment des intérêts supérieurs de la nation, éternellement vouée à la repentance — politique, morale et financière.

Camille Galic

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