François Bayrou ambitionnait depuis sa prime jeunesse de s’installer un jour à l’Élysée ou, à défaut, à Matignon, rêve enfin réalisé le 13 décembre 2024. Mais, menacé lors de la rentrée parlementaire fin septembre d’une motion de censure brandie par la France Insoumise, il a, « avec panache » selon ses partisans, préféré brusquer les choses en convoquant le Parlement dès le 8 septembre — deux jours avant la grève générale souhaitée par le mouvement « Bloquons tout » — pour lui demander un vote de confiance. Infiniment plus risqué, même si le locataire de Matignon veut croire que, dans « un moment de clarification et de vérité » et « dans les treize jours qui viennent, les Français vont choisir, vont influencer leurs représentants, pour qu’ils choisissent et disent s’ils se placent du côté du chaos ou de la responsabilité ».
Vis-à-vis de ses électeurs dont la plupart sont, à juste titre, viscéralement hostiles à l’immigrophile Mélenchon, il aurait ainsi été beaucoup plus difficile pour le Rassemblement national de s’associer à une motion de censure lancée par l’extrême gauche que de refuser la confiance à un Premier ministre qui, depuis sa nomination 13 décembre 2024, n’a rien fait pour la mériter et se rendre populaire. Idem pour certains députés socialistes et pas des moindres, tel François Hollande, très hostile à la motion de censure.
Même chez les Républicains, l’appui au chef du gouvernement fait débat. Si leur président Bruno Retailleau, par ailleurs ministre de l’Intérieur, soutient mordicus le Premier ministre, son rival Laurent Wauquiez qui, lui, préside le groupe de 49 députés LR, veut bien voter la confiance mais pas question pour lui d’apporter « un soutien sans condition au budget qui est présenté ». Budget résultant selon Bayrou du poids de la dette qu’il faut absolument réduire car cette « charge, dont nous accablons aujourd’hui le Français au travail et les futures générations, va écraser les initiatives et, associée à l’effondrement démographique, mettre en péril le contrat social du pays ».
C’est donc sans surprise qu’on a appris de la bouche de Marine Le Pen que le Rassemblement national « votera évidemment contre la confiance au gouvernement de François Bayrou » dans l’espoir d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale qui « seule permettra désormais aux Français de choisir leur destin, celui du redressement ». Attitude également adoptée par son allié Éric Ciotti qui, ainsi que les autres députés de l’UDR, « refusera catégoriquement d’accorder la confiance à un gouvernement et à une majorité qui ont conduit depuis tant d’années la France sur le chemin de la faillite », d’autant que le budget proposé « ne présente aucun courage et fait porter les efforts sur les seuls Français qui travaillent ou ont travaillé toute leur vie sans que le gouvernement n’ose le courage de réformes indispensables ».
Le tout est de savoir quel gouvernement aurait le courage, l’autorité et les moyens d’engager ces réformes, en commençant par la chasse aux « dépenses nuisibles » qui selon un livre tout récemment paru, s’élèveraient selon Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, à 150 milliards d’euros chaque année.
La Rédaction

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