Sous le titre provocant « Il est logique que le catholique exècre le nationalisme », un certain Martin Steffens, nous explique sur une page entière de La Croix, qui s’est fait un plaisir de publier cette tribune (1), combien il est vital de combattre « le repli nationaliste », absolument « contraire à la Parole ».

Et d’argumenter : « “Ne te dérobe pas à ton semblable”, commande le prophète Isaïe (58,7). Or qui est mon semblable ? Dans son usage courant, le terme désigne celui qui nous ressemble. Mais le suffixe “-able” ajoute une dynamique : s’y exprime la possibilité, l’aptitude, comme on l’entend dans “rentable”, “louable” […]. À la rencontre du semblable, quelque chose se décide. Une capacité s’éprouve. Laquelle ? Le préfixe nous l’indique : l’indo-européen sḗm (qu’on retrouve dans « similaire » ou l’anglais “same”) signifie “ce qui est un”. Est mon semblable celui dont je dis que lui et moi sommes ”un”. Le semblable c’est donc premièrement cet individu qui, comme moi, ressemble à un homme ». Surtout s’il est « né de l’autre côté de la Méditerranée ».

Agrégé de philo et parait-il spécialiste de Simone Weil — la philosophe, pas la panthéonisée —, le sieur Steffens est l’auteur de maints ouvrages, dont deux furent couronnés, en 2013 par le Prix Humanisme chrétien puis, en 2016, par le Prix de Littérature religieuse. Selon Wikipédia, « les thèmes abordés [dans ses livres] sont ceux du consentement ». De toute évidence à l’immigration, mais pas à la nation, pourtant en grand péril, et à ceux qui la défendent envers et contre tout.

Sans doute ce pédagogue qui, eût-elle vécu à notre époque, aurait lui-même allumé le bûcher de Jeanne d’Arc, inflige-t-il à hautes doses ce bourrage de crânes à ses élèves du lycée Fustel de Coulanges, jouxtant à Strasbourg le Grand Séminaire, et où il enseigne en khâgne. Combien d’entre ces malheureux jeunes en sortiront indemnes ?

Question subsidiaire : pourquoi les seuls chrétiens et pas les juifs et les musulmans, qui se réclament aussi d’Abraham et d’Isaïe (Ibrahim et Issa en arabe), devraient-ils haïr le nationalisme ?

Claude Lorne