Avec un certain courage, la députée Renaissance Anne-Laurence Pétel a qualifié le jeune homme mort à Nanterre à la suite d’un refus d’obtempérer, de « délinquant » – – « je n’appelle pas le petit Nahel, je l’appelle le délinquant » et ce dans un entretien avec le journal La Provence publié le 8 juillet.
Aussitôt, l’avocat de la mère de ce jeune a indiqué qu’il porterait plainte, car Nahel n’avait pas de casier judiciaire, donc ce n’était pas un délinquant pour lui, selon ce que rapporte Valeurs Actuelles du 12 juillet. Pour autant, le fait de ne pas avoir de casier judiciaire, empêcherait-il ce qualificatif de « délinquant » de pouvoir lui être appliqué ?
La langue française est d’une subtilité absolue, ce que semble oublier un peu vite cet avocat. Tout d’abord, le terme de « délinquant » vient du latin delinquere, qui signifie commettre une faute. On retrouve cette signification dans Victor Hugo, Les Misérables, t1, 1862 page 107 : « Les enfants Valjean, habituellement affamés, allaient quelquefois emprunter au nom de leur mère une pinte de lait à Marie-Claude, qu’ils buvaient derrière une haie, ou dans quelque coin d’allée…La mère, si elle eût su cette maraude, eût sévèrement corrigé les délinquants ». En l’occurrence, les enfants Valjean n’avaient pas été jugés et condamnés. A titre posthume, la famille Hugo devrait être poursuivie par « nos associations des droits de l’homme ».
Car selon la lexicographie du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, le terme de délinquant s’applique indistinctement à celui qui a commis un délit, ou celui qui a commis une faute, et ce sans que cela ne fasse l’objet obligatoirement d’une condamnation judiciaire. D’ailleurs le fait de commettre une faute assimilable à un délit n’empêche pas, me semble -t-il de pouvoir être traité de « délinquant ». La mention au casier judiciaire est tout autre chose, à ce moment-là, pour la personne qui n’a plus de casier judiciaire vierge, le terme de « repris de justice » peut s’appliquer, où celui de « condamné par la justice ».
Si l’on en croit la presse et les enquêtes effectuées par des journalistes, ce jeune de Nanterre n’avait pas de casier judiciaire, mais par contre « il était connu des services de police ». Et pourquoi donc, parce qu’il avait « des antécédents judiciaires », selon le Parquet de Nanterre, Cf le Midi Libre du 29 juin 2023.
Effectivement, il avait subi une garde à vue, trois jours seulement avant sa mort, pour un autre refus d’obtempérer, et devait être convoqué en septembre devant un juge pour enfants. En 2022, il avait aussi, selon cet article, été mis en cause pour un refus d’obtempérer, et un juge pour enfants avait prononcé une mesure éducative, ce qui est en soit une sanction, même si effectivement, cette sanction ne semble pas figurer sur son casier judiciaire, toujours selon le Midi Libre, qui rapporte des articles du Parisien.
Être interpellé pour la commission de faits qui peuvent s’assimiler à des délits, c’est à dire à des fautes, c’est incontestablement avoir un comportement de « délinquant » au sens de la langue française.
D’ailleurs toute la presse fait état du fait que les actes commis par ce jeune étaient inscrits au fichier TAJ, le Traitement d’Antécédents Judiciaires (Cf BFMTV du 12 juillet 2023). Mais l’avocat de la mère du jeune a menacé cette député d’une plainte en soulignant « en revanche, votre casier judiciaire pourrait ne plus être vierge prochainement, car une plainte sera déposée contre vous ». Oserait-on appeler cela du terrorisme judiciaire ?
Car Nahel avait, selon plusieurs sources, 15 mentions à ce fichier. Il avait même été mis en cause à 5 reprises pour des refus d’obtempérer depuis 2021, outre des mises en cause pour des faits de recels, rébellion contre les forces de l’ordre, utilisation de fausses plaques, et circulation sans assurance. (Cf CNews et Europe 1 du 30 juin 2023).
Rappelons les propos de cette députée : « Un jeune homme de 17 ans qui conduit une voiture sans permis, une berline immatriculée en Pologne, ce qui est à peu près le symbole du trafic de drogues, qui refuse d’obtempérer une première fois, puis une deuxième fois, ça ne justifie aucunement le fait qu’il meure, mais ça explique qu’il se retrouve devant la police. Et donc moi je ne l’appelle pas le petit Nahel, je l’appelle le délinquant. »
Elle a aussi martelé, à contre-courant de son parti et des gauches hurlantes que « Arrêter ce jeune homme, ça n’était pas un acte de racisme ». Elle assume d’ailleurs courageusement ses propos : « Pas un mot à enlever », a-t-elle tweeter ce lundi 11 juillet. Pour nous non plus.
Michel Festivi