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Les camps palestiniens au Liban, zones de non droit

La souveraineté du Liban est mise à mal à Saida sans que les « autorités » ne s’en émeuvent outre mesure. Le camp palestinien de Aïn el-Héloué qui abrite 60 000 personnes et est situé à une cinquantaine de kilomètres au sud de Beyrouth, est secoué par des explosions et des tirs nourris depuis samedi matin.

Selon le bilan de l’Unrwa, organisation onusienne en charge des réfugiés palestiniens, onze personnes ont été tuées et une quarantaine d’autres blessées lors des violents affrontements qui opposent des miliciens du Fatah à un certain nombre de groupuscules islamistes. Alors qu’un cessez le feu a été conclu lundi entre les parties, des coups de feu et des tirs de roquettes continuaient à être entendus dans le camp, et un responsable du Fatah a confié au correspondant du quotidien L’Orient-le Jour sur place que son organisation et les forces de sécurité palestiniennes s’attaquent « avec force aux sources des tirs et resserrent l’étau sur les groupes extrémistes ».

Ainsi, 56 ans après la signature des infâmes accords du Caire qui livraient le Liban pieds et poings liés aux milices palestiniennes et à l’OLP de Yasser Arafat en leur octroyant le droit de mener des actions de résistance contre Israël depuis le Liban et donc de squatter légalement le territoire national avec armes et bagages, après 30 ans de guerre, de destruction et 250 000 morts, la « cause » palestinienne à laquelle plus personne ne croit sérieusement et réduite à l’état de « carte sécuritaire » régionale impose encore aux libanais ses cohortes de miliciens et d’assassins, les Forces armées se contentant de « gérer » la logistique sécuritaire à l’extérieur de Aïn el Heloué, interdisant l’accès au camp et bloquant la circulation au sud et au nord de la ville de Saida ainsi que l’autoroute en raison des balles perdues, les automobilistes étant redirigés vers la petite route côtière et les habitants étant priés de ne pas circuler. Consacrant le caractère de véritable enclave palestinienne au Liban des camps, le Fatah a nommé Abou Ayad Chaalane en tant que nouveau chef de la  Sécurité nationale palestinienne dans la région de Saïda ( !) pour remplacer Abou Achraf el-Armouche, tué dimanche au cours des affrontements. De son coté, dans un communiqué publié depuis son centre de commandement au Liban, le Hamas a appelé à « préserver la paix civile et épargner le sang du peuple palestinien ».

Quant au Premier ministre sortant Nagib Mikati, c’est l’impuissance des autorités libanaises qu’il a consacré en déclarant à l’issue d’un conseil des ministres lundi après-midi qu’il « suivait la situation à Saïda avec l’armée et les forces de sécurité et qu’il espérait ( !) que les affrontements cesseraient prochainement, tous ceux qui résident sur le sol libanais devant respecter la souveraineté et les lois libanaises ».

Mohanad Hage Ali, chercheur au Malcolm H. Kerr Carnegie Middle East Center, interrogé par le journaliste Ghadir Hamadi dans les colonnes de L’Orient Today, ne mâche pas ses mots et donne un éclairage lucide à ces évènements :

« Il existe une relation entre l’affaiblissement de l’État libanais, les divisions internes au Liban et les problèmes de sécurité dans les camps palestiniens. Plus l’État libanais est faible, plus la scène politique est divisée, et plus des affrontements sont susceptibles de se produire. Les mouvements islamiques, qui sont nombreux et entretiennent d’excellentes relations avec le Hamas et le Hezbollah, affrontent le Fatah historique et ses factions dans une querelle de pouvoir. Il convient de souligner que cette situation survient moins d’une semaine après la visite au Liban du chef des services de renseignements palestiniens, Majed Faraj, qui est associé au Fatah. M. Faraj tente de contrer l’influence du Hamas au Liban. La nouvelle réalité est que le Hamas a une forte présence au Liban puisque sa principale direction politique se trouve sur place. Le pays est donc directement affecté par la présence des dirigeants palestiniens ».

Le chercheur a conclu en soulignant que «Les récents combats sont à la fois un des révélateurs de l’incapacité de l’État à faire respecter sa souveraineté et à assurer la sécurité, et un accélérateur de cet état de fait. »

Bachir Gemayel, reviens !

Sophie Akl-Chedid

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