La Nouvelle République, tract immigrationniste
Depuis que les habitants de Bélâbre (village situé prés de Fontgombault) sont entrés en révolte contre le projet du maire d’implanter une résidence pour loger 38 immigrés clandestins, le quotidien monopolistique local s’est transformé en une sorte de tract, pour la « bonne cause ».
Le 16 mars au soir, près de 150 bélabrais (sur 900 habitants, ce qui n’est pas rien !) se réunissaient dans la salle des fêtes pour lancer leur contre-projet : un pôle de développement numérique. Un industriel s’est porté acquéreur des locaux qui étaient prévus pour le logement des 38 migrants sans papiers. La mairie devait donner sa réponse cette semaine.
Mais ni la réunion publique du 16 mars ni la proposition de conversion de la friche industrielle, pourtant génératrice d’emplois, n’ont été rapportées dans le quotidien monopolistique local. En lieu et place nous avons eu droit à un passionnant reportage sur les deux brebis qui assurent l’entretien, des espaces verts d’une école primaire par une tonte écologique, ou sur le goûter de crêpes du carnaval.
La Nouvelle République serait-elle passée à autre chose, et a-t-elle renoncé à évoquer cette question, qui agite pourtant la région ? L’explication n’est pas là, elle est dans une censure parfaitement assumée. Bien plus, le quotidien local a pris une orientation militante et s’est lancé dans une véritable campagne de promotion des CADA (Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile). Pendant une semaine, la N.R. a consacré chaque jour une page entière à cet organisme chargé d’implanter 50000 clandestins dans les territoires ruraux.
On apprend incidemment que ces sans-papiers peuvent rester plusieurs années dans ces lieux de vie, tous frais payés, en attendant une expulsion (10% des cas), une régularisation ou un retour à la semi-clandestinité (90% des cas).
« C’est juste magnifique »
Comme le quotidien local n’a pas grand-chose à raconter sur ces désœuvrés entretenus par la République par nos impôts (au moins, ils n’entrent pas dans les statistiques du chômage !), il se livre à de bucoliques reportages, par exemple sur un « atelier de jardinage ». Le reportage (17 mars) s’intitule « Les jardins de la paix et du partage ». « Atadiana a fui l’Angola », apprend-t-on d’abord. Mais que se passe-t-il de si affreux en Angola, pays pourtant débarrassé, depuis un demi-siècle, de la férule coloniale portugaise, si souvent dénoncée à l’époque par cette même Nouvelle République ? On n’en saura rien.
Le reportage est empreint d’un rousseauisme printanier, qui confine à la crétinerie. Jugez-en :
« En dépit de ses huit mois de grossesse elle a retourné avec beaucoup d’ardeur la terre de la petite parcelle où elle va pouvoir cultiver ses propres légumes. Le travail ne lui fait pas peur. Bien au contraire ».
L’instituteur retraité qui encadre le petit atelier est pétri d’admiration : « ça me bouleverse de voir ces femmes bêcher la terre avec une telle énergie. Elles dégagent une force incroyable (…). Il y a un esprit d’entraide. Quand l’un n’est pas là, il y a toujours quelqu’un pour s’occuper de sa parcelle. La nature a cette vertu formidable de rassembler les gens. Pour certaines femmes qui se sentent isolées dans le milieu clos de leur appartement, c’est un vrai moment de partage et d’ouverture sur l’extérieur. Ce jardin, c’est un petit endroit de paix et de partage pour tous ces réfugiés. On sent qu’il se passe quelque chose entre eux. C’est juste magnifique (sic !) ».
« Autour des salades naissantes, des aromates et des bulbes d’oignons rouges à planter, il n’est plus question de souffrances ni d’exil », commente la journaliste, Martine Roy (un nom à retenir !) . Elle conclut son passionnant (et risqué !) « reportage » par ces quelques lignes :
« Tous ne sont pas assidus toutes les semaines. Et certains quitteront peut-être le CADA avant de voir leurs légumes sortir de terre. Seule certitude, il y aura toujours quelqu’un pour faire grandir ce qu’ils ont semé dans ce jardin du partage ».
On croirait la lire la Pravda des années 1930 !
Agathon