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Le coup d’œil de Philippe Randa : l’hypocrisie, cet autre aspect des guerres

Dans une tribune publiée le 15 août sur le site Eurolibertés (L’interrogation russe) l’essayiste Richard Dessens écrit : « Ce qui interroge aujourd’hui repose dans l’enlisement dans lequel la Russie semble se trouver face à une Ukraine, certes inondée de matériel occidental, mais qui résiste et mieux encore contre-attaque avec quelques succès même mitigés et entourés de toute la propagande occidentale à prendre toutefois avec circonspection. » Et il ajoute : « En tout état de cause, la stratégie russe reste encore délicate à cerner, en espérant qu’elle en ait une. »

Il est un fait que depuis son attaque – sur l’Ukraine le 24 février 2022, nombreux étaient ceux qui s’attendaient à une défaite rapide du régime de Kiev et la résistance indéniable de celui-ci grâce aux énormes aides financières et militaires des USA et de l’Union européenne en a surpris plus d’un… tout comme les succès « très mitigés » (euphémisme) de la contre-offensive début juin 2023 : aucun objectif majeur n’a tout de même été atteint et nombre d’observateurs considèrent que « le temps jouerait contre l’Ukraine »… et non plus contre la Russie, n’en déplaise à Bruno Lemaire, notre Ministre de l’économie et rantanplan digne des prédictions à la madame Irma, qui avait pris ses désirs pour des réalités en affirmant en mars 2022 que « nous all(i)ons provoquer l’effondrement de l’économie russe » ; aux dernières réalités, cette dernière ne se porte pas trop mal.

On ne peut donc que constater que spécialistes et fins connaisseurs de la « chose militaire » n’ont de cessent d’affirmer et de prédire tout et son contraire, dénonçant les uns, hurlant après les autres et faisant chaque jour le compte macabre des attaques, morts ou estropiés, en digne émules du professeur Delfraissy et de son cirque scientifique des heures les plus délirantes de la dinguerie covidienne.

Étrangement, toutefois, on ignore deux aspects possibles de ce conflit.

Tout d’abord, la course permanente à un armement sophistiqué a un revers : tout matériel non-utilisé devient forcément obsolète tôt ou tard, chaque ennemi ayant beau jeu de s’équiper comme il se doit pour le neutraliser ; à défaut de pouvoir tôt ou tard le « refourguer » à quelques dictateurs de pays exotiques qui s’en contenteront faute de mieux, le détruire s’avère généralement très onéreux… bien plus, en tout cas, que de s’en débarrasser sur un ennemi, telle l’Ukraine pour la Russie… ou pour l’Union européenne en « l’offrant » (gratuitement ?) à Kiev.

De même, quelle meilleure occasion qu’une guerre réelle pour tester de nouveaux matériels militaires, observer comme il se doit les coûts, les inconvénients et la rentabilité de tel obus, tel drone, tel missile ou telles défenses terrestres ou aériennes… tout en entraînant sur le terrain des troupes en les aguerrissant comme il se doit en les plongeant dans la réalité de cet art de la guerre si cher au stratège Sun Tsu ?

Des aspects de cette guerre qui ne sont guère évoqués et pourraient peut-être bien expliquer – pourquoi pas ! – qu’elle s’éternise pour les plus grands profits de nombreux pays.

Philippe Randa

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