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Le Mandat de la FINUL renouvelé, fureur du Hezbollah

Après moult négociations concernant la marge de manœuvre des Casques bleus au Liban Sud, à quelques heures de l’expiration jeudi du mandat de cette force présente depuis 1978 pour faire tampon entre Israël et le Liban, le Conseil de sécurité de l’ONU a finalement prorogé d’un an le mandat de la force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), en adoptant un texte proposé par Paris.

La résolution adoptée par 13 voix pour et deux abstentions (Russie et Chine) « étend le mandat de la Finul jusqu’au 31 août 2024 », et reprend la formulation adoptée il y a un an sur la marge de manœuvre accordee aux 10 000 Casques bleus de la force onusienne, au grand dam du Hezbollah et du gouvernement libanais atteint du syndrome de soumission à la milice chiite. Principale cause de l’ire Nasrallienne, l’article 16 qui stipule notamment que, « conformément à l’accord sur le statut de la Finul conclu entre le gouvernement libanais et les Nations unies, la Finul n’a pas besoin d’autorisation préalable pour mener à bien ses opérations, tout en continuant à coordonner avec le gouvernement libanais ». Il « demande au gouvernement libanais de faciliter un accès rapide et complet aux sites demandés par la Finul aux fins d’une enquête rapide, y compris tous les sites d’intérêt et pertinents au nord de la « ligne bleue » liés à la découverte de tunnels traversant la « ligne bleue » que la Finul a signalés comme une violation de la résolution 1701 (2006), et les champs de tir non autorisés, conformément à la résolution 1701, tout en respectant la souveraineté libanaise (…) pour mener les tâches pour lesquelles elle est mandatée », qu’il s’agisse de patrouilles « annoncées ou non ».

Le gouvernement libanais avait quant à lui appelé à une reconduction de la force de l’ONU sur la base de la résolution de 2021 qui faisait l’impasse sur l’indépendance de mouvements des Casques bleus, demande ignorée par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres qui a récemment déploré que la Finul n’ait toujours pas « pleinement accès » à certains lieux, notamment des sites de l’ONG écologiste « Vert sans frontière » fondée par le parti chiite pour servir de couverture à ses activités paramilitaires dans le sud du pays et frappée de sanctions américaines.

Sentant la résolution venir, Hassan Nasrallah a vigoureusement mis en garde lundi soir dans un discours télévisé contre une «  possible exacerbation des tensions dans le sud du Liban », région où le parti est prédominant, entre « les habitants et la Force intérimaire de l’ONU (Finul) si le mandat de la force onusienne est renouvelé en maintenant un article permettant aux Casques bleus de circuler sans autorisation préalable et de manière indépendante de l’armée libanaise, et ce contre le gré de Beyrouth ».

Depuis le renouvellement du mandat onusien en août 2022, les passages de convois de l’ONU dans plusieurs localités du hezbollahland ont été marqués par des caillassages en règle. En décembre, c’est un jeune casque bleu irlandais qui avait été abattu la veille de Noel lors d’un guet-apens, criblé de balles en dépit de l’accompagnement de l’armée libanaise. En juin, la justice militaire libanaise a bien accusé cinq membres du Hezbollah d’« homicide volontaire » pour le meurtre du soldat Sean Rooney, mais l’accusation est restée lettre morte à ce jour. Dans ce contexte, le porte-parole du Hezb n’a pas eu froid aux en appelant la force onusienne à demeurer « en coordination totale avec les forces armées libanaises », sinon, la résolution restera elle aussi « lettre morte ».

Du coté de Tel Aviv, le ministère israélien des Affaires étrangères a salué le renouvellement du mandat. « La Finul aide à conserver la stabilité au Liban-Sud. Nous appelons la communauté internationale à adopter une attitude déterminée face aux tentatives de l’organisation terroriste Hezbollah de faire de la provocation et d’entraîner une escalade de la violence ».

Si l’abstention de la Chine et de la Russie lors de ce vote sont un signe diplomatique de la polarisation qui préside désormais aux questions géopolitiques, l’appui sans restriction à la résolution ainsi que la ligne ferme adoptée par Abou Dhabi – seule capitale arabe à siéger depuis 2022 au Conseil de sécurité en tant que membre provisoire – vis-à-vis du Hezbollah, démontrent symboliquement la volonté des Etats du Golfe à limiter l’aire de jeux de la milice pro iranienne et en tout cas, à lui laisser entendre qu’elle sera seule responsable de ses actes en cas de soubresauts sécuritaires au Liban Sud ou dans le Nord de la Galilée.

Sophie Akl-Chedid

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