Depuis le jeudi 31 août, la quasi-totalité des médias et une multitude d’associations n’ont de cesse de s’indigner de l’assassinat d’une policière, mère de quatre enfants, massacrée par son ex-compagnon à coups de machette devant son petit garçon de trois ans.
Rarement, par le passé, l’assassinat d’une policière aura à ce point ému le 4e pouvoir (les médias) quand les victimes étaient tuées alors qu’elles étaient simplement « en service »… Mais il est vrai que ce tragique fait-divers survenu en Savoie est surtout prétexte à dénoncer les violences conjugales : les violences sociétales, criminelles ou religieuses, elles, ne semblant pas justifier la même indignation de la part des auto-proclamés détenteurs de la vérité.
Toutefois, le terme « féminicide » – soit le « meurtre de femmes commis par des hommes parce ce que sont des femmes » (définition de l’écrivain Carol Orlock) – est sans doute particulièrement inapproprié dans la plupart, sinon la totalité des 90 assassinats comptabilisés à ce jour sous ce terme depuis le début de l’année 2023 : ce n’est pas parce qu’elles étaient femmes qu’elles sont mortes, mais pour des motifs de jalousie, de colère, de séparation, de bêtise, sinon de culture et peut-être aussi, dans certains cas, de religion… ce qui rend particulièrement stupide, sinon odieux, le slogan braillé dans certaines manifestations « On ne naît pas femme, mais on en meurt », dérivé de la célèbre phrase de Simone de Beauvoir « On ne naît pas femme : on le devient. »
La lutte contre les violences faites aux femmes ayant toutefois été déclarée en 2017 par le président de la République « grande cause du quinquennat », Caroline Boisnoir, la présidente de l’association « Cœurs de Guerrières » (association nationale d’aide aux victimes de violences conjugales) a donc beau jeu de s’indigner : « Beaucoup d’effet d’annonce de la part du gouvernement (…) Nous, on y a cru quand il nous a évoqué cette grande cause du quinquennat. On a eu des effets d’annonce, en parlant des téléphones “Grave danger” qui ont été multipliés et des bracelets anti-rapprochement. Mais les téléphones “Grave danger” sont toujours aussi difficiles à obtenir. Les bracelets anti-rapprochement, il faut le consentement aussi de l’homme qui sort de prison pour être sûr qu’il est bien d’accord de porter ce bracelet et… il n’y a pas d’obligation ! Ce qui est assez bizarre.»
Des esprits chagrins pourraient faire remarquer à cette dame que les « effets d’annonce » gouvernementaux ne sont pas choses nouvelles et en quoi d’ailleurs les violences conjugales devraient-elles être davantage une « grande cause nationale » que d’autres violences ?
Seraient-elles plus inadmissibles, et donc plus prioritaires, et à quel titre, que tous les autres maltraitances, délits ou crimes envers non seulement enfants ou personnes âgées, mais aussi envers n’importe quel citoyen, quel que soit son sexe, son âge, son origine, ses opinions ou sa vie privée ?
Du moins dans une société de droit où la sécurité se doit d’être la première obligation d’un État digne de ce nom pour tous ses citoyens… sans discrimination de sexe !
Si certains naissent stupides et n’en meurent pas pour autant, il est certain que beaucoup d’autres ne naissent pas victimes, mais le deviennent… surtout en Macronie !
Philippe Randa