« Si Charles III devait brûler l’étape française pour se rendre directement à Berlin, ce serait une terrible humiliation pour Emmanuel Macron, ainsi ridiculisé et privé de toute autorité aux yeux du monde entier », écrivions-nous ici le 22 mars. Deux jours plus tard était l’annulation de cette visite historique (prévue du 26 au 29 mars), la première que le nouveau souverain devait faire dans un pays étranger, avant même son couronnement le 6 mai. Et ce n’était que railleries depuis Londres, où le Daily Express (qui en profite pour rappeler le chaos du Stade de France éhontément attribué par Gérald Darmanin aux seuls supporteurs anglais) titrait sur fond de brasiers « Macron ne contrôle plus rien », jusqu’à Bamako en passant par Moscou où les télévisions rediffusaient à jet continu les images des violences, de destructions et d’incendies (460 dans la seule capitale selon la préfecture de Paris) ayant marqué la « journée d’action » du 23 mars dans le pays dont le lider maximo donne des leçons de gouvernance et de retenue à tous ses pairs. En commençant par Vladimir Poutine.
Macron ou le chaos ? Non, Macron ET le chaos
Mais, chez lui, l’Élyséen est devenu si impopulaire et la situation est tellement explosive avec la multiplication des nouveaux sans-culottes que notre couple présidentiel a dû renoncer à l’apothéose qu’aurait été un dîner d’État au château de Versailles comme à la montée du cours La Reine et des Champs-Élysées jusqu’à l’Arc-de-Triomphe où, comme sa mère avant lui, Charles aurait ranimé la flamme sur la tombe du Soldat inconnu. Loin des « images somptueuses » rêvées par le Palais, c’est au risque de graves affrontements ou, à l’inverse, de Champs-Élysées militarisés, soigneusement vidés de tout badaud et survolés d’hélicoptères et de drones que se serait déroulée la visite… rappelant celle d’Adolf Hitler le 23 juin 1940 dans un Paris déserté !
Pour discréditer par des débordements « incontrôlés » les oppositions à sa réforme sur les retraites, Macron comptait sur les Black blocs, tactique qui lui avait si bien réussi contre le mouvement des Gilets jaunes. Voici l’arroseur arrosé. Ne s’avouant pas battu, il a annoncé vouloir recevoir le souverain britannique « au début de l’été ». La fièvre sera-t-elle tombée d’ici là ? En attendant, c’est à Berlin que Charles III va faire la première visite d’État de son règne.
Camille Galic