Difficile de parler de l’œuvre de Jean-Marie sans parler de sa principale caractéristique : la constance ! Depuis 1974, il anime La Revue Lorraine Populaire devenue Nouvelle revue Lorraine. Presque un demi-siècle et quelques 60 ouvrages plus tard, il laboure toujours les terres de Lorraine pour en faire sortir les fruits féconds de la fierté, de l’enracinement et de l’identité. Bien des générations lui doivent leurs engagements, des monuments leurs survies et des traditions leurs résurrection. C’est en tout cas aussi le cas des animateurs des éditions du Verbe Haut qui ont édité ses 5 derniers ouvrages et qui président désormais aux destinées de la revue. Une belle leçon de transmission de la flamme Lotharingiste !
Cette fois-ci, le prolifique hérault lorrain consacre un ouvrage à un monument national : Maurice Barrès. Né dans les Vosges en 1862, élu Boulangiste à Nancy à 27ans, enterré à Charmes il y a 100 ans, l’écrivain ne pouvait que susciter l’intérêt de JMC. Barrès ! Auteur prolifique, bretteur politique, français engagé dont Blum dira pourtant à sa mort : « Si Monsieur Barrès n’eût pas vécu, s’il n’eût pas écrit, son temps serait autre et nous serions autres. Je ne vois pas en France d’homme vivant qui ait exercé, par la littérature, une action égale ou comparable. »
Malheureusement dans le monde d’aujourd’hui les commissaires politiques veillent à ce que l’on passe le centenaire de sa mort sous silence. Car si cela vous avait échappé, des hommes en gris collent désormais des étiquettes infâmantes qui vous délivrent de tout devoir de réflexion ou de lecture. Très commode pour les cerveaux ramollis. Très contrariant pour les réfractaires que nous sommes. Ou que Barrès était lui-même disant « Mon lotharingisme, c’est ma manière de couper court. (…) Oui, se dire lorrain c’est opposer à bien des mœurs, à bien des propositions, un Noli me tangere radical. Nous n’avons rien de commun.
Vous l’aurez compris, ici l’auteur s’intéresse à l’irrédentisme lorrain de l’auteur à travers ses écrits et les témoignages des personnes qui ont pu l’entourer au fil de sa carrière. Goethe avait écrit « qui veut comprendre le poète doit aller au pays du poète ». C’est ce que fait JMC dans cet ouvrage qui regorge de citations longues et contextualisées.
« Mon intelligence pourrait s’intéresser ailleurs, mais ailleurs mon cœur s’ennuie. Je ne saurais longtemps vagabonder d’esprit ; je me replie sur ma lorraine pour être en paix avec mon cœur. » Une belle phrase que tout homme normalement enraciné pourrait faire sienne en y substituant sa propre région. Car nos patriotismes régionaliste et français, tout comme celui de Barrès ne sauraient s’opposer mais sont tout un pour défendre notre Patrie dont certains voudraient expurger ses meilleurs héraults.
Jean-Marie Cuny, Le Lorrain Barrès, Editions Le Verbe Haut, 2023, 19 euros, 96 pages.