Hamas

L’aéroport de Beyrouth piraté, le Hamas largué en plein vol

« Au nom du Seigneur et du peuple, l’Aéroport international de Beyrouth n’est pas l’aéroport du Hezbollah ni de l’Iran. Hassan Nasrallah, tu n’auras plus aucun défenseur si le Liban est entraîné dans une guerre dont tu assumeras la responsabilité et les conséquences. Hezbollah, nous n’entrerons pas en guerre au nom d’un autre. Vous avez fait sauter notre port après y avoir fait entrer des armes. Que l’aéroport soit libéré du joug du mini-Etat ». Ce message s’est affiché dimanche soir sur tous les écrans de l’aéroport de Beyrouth signalant normalement les vols à l’arrivée et au départ de la capitale libanaise.

Adressé directement au secrétaire général du Hezbollah, il répond aux promesses de vengeance brandies par Nasrallah lors de son discours de vendredi après-midi. Le chef du Hezbollah a notamment promis à ses militants que la riposte à l’assassinat à Beyrouth du numéro deux du Hamas Saleh Al-Arouri et de six autres cadres du mouvement palestinien par une frappe attribuée à Israël mardi dernier est « inéluctable ». Ce tir « est grave et ne restera pas sans réponse (…) Nos combattants de l’ensemble des zones frontalières (…) répondront à cette dangereuse violation », a insisté Hassan Nasrallah. Dès le lendemain, samedi, la milice chiite a lancé plus de 62 tirs de roquettes contre une base militaire du nord d’Israël, sans toutefois faire de victime, alors que Tsahal poursuit sa politique d’exécutions ciblées, en Syrie où un général iranien a été abattu la semaine précédente, comme au Liban où un cinquième haut responsable militaire du Hezbollah a été tué par un tir de missile dans sa voiture ce lundi, à une dizaine de kilomètres de la frontière avec la Galilée. Selon un officier de la sécurité libanaise qui a requis l’anonymat pour se confier à l’agence France Presse, le commandant Wissam Hassan Tawil « jouait un rôle de premier plan dans la direction des opérations militaires au Sud, c’est le plus haut responsable militaire du Hezbollah tué depuis le 7 octobre ».

Dans une interview publiée sur le site Public Sénat le 4 janvier, Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES) et auteur de Tsahal, histoire de l’armée israélienne (Perrin), offre une analyse sans détour : « La stratégie de Netanyahou consiste à pousser le Hezbollah et l’Iran à la faute pour justifier une intervention militaire israélienne et faire durer la guerre. Le premier ministre israélien sait parfaitement bien que lorsque la guerre sera finie il risque d’être ciblé par une commission d’enquête, de perdre le soutien de la Knesset, de devoir quitter le pouvoir et de connaitre de nouvelles poursuites judiciaires. » Toujours selon Pierre Razoux, les lignes rouges infranchissables pour Téhéran seraient une ou plusieurs frappes directement menées sur le sol iranien ou encore une attaque massive d’Israël sur les infrastructures vitales du Hezbollah au nord du Litani, c’est-à-dire au-delà de la zone militaire du Liban Sud, ce qui pourrait remettre en question sa mainmise de facto sur le Liban et ses Institutions. Pour Tel Aviv, l’inacceptable serait atteint en cas de tirs de missiles vers les grandes villes et l’infiltration de commandos en territoire israélien. Toutefois, à la veille de l’arrivée du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, le ministre de la défense israélien s’est voulu rassurant en assurant qu’Israël « préfère la voie diplomatique à la voie militaire pour rétablir le calme à la frontière nord ». « Mais nous sommes proches du point de retournement du sablier », a-t-il averti. Par ailleurs, tout indique que l’Iran fera l’impossible pour éviter un conflit ouvert avec l’Etat hébreux, sachant que la République islamique a déjà atteint son principal but stratégique depuis le 7 octobre en parvenant à stopper jusqu’à nouvel ordre la normalisation des relations diplomatiques entamées par Israël avec les pays arabes et surtout avec l’Arabie Saoudite.

A l’heure ou l’armée israélienne vient d’annoncer avoir achevé le « démantèlement de la structure militaire du Hamas dans tout le nord de Gaza » et se « concentrer désormais sur le démantèlement du mouvement islamiste au centre et au sud de ce territoire », la seule chose qui puisse être actée à ce jour, c’est le largage en plein vol du Hamas par ses alliés et mentors.

Sophie Akl-Chedid

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