Après la dissolution de l’Assemblée nationale, la dissolution de Reconquête ! dont la vice-présidente Marion Maréchal, humiliée et maltraitée depuis des mois par le couple Zemmour-Knafo, a été exclue le 11 juin au soir, sous prétexte qu’elle serait « entourée de professionnels de la trahison » (1), après avoir reproché au polémiste de torpiller l’union de la droite — qu’il appelait pourtant de ses vœux —, en voulant présenter des candidats face à tous ceux de l’alliance, encore hypothétique, RN-LR. Et surtout dissolution du parti Les Républicains lui-même, dont le président Éric Ciotti a été destitué le même jour — en dépit des statuts du parti interdisant toute exclusion autrement que par l’ensemble des militants — pour avoir accepté la main tendue par Jordan Bardella.
Front populaire contre front national
Du catho-tradi Bruno Retailleau au franc-mac Gérard Larcher et au communautaire Jean-François Copé, de Laurent Wauquiez à Xavier Bertrand, tous les apparatchiks de LR ont renchéri dans l’indignation et la condamnation du renégat, que Libération s’est empressé de flétrir en titrant à la une « LA HONTE » en caractères gigantesques sur fond noir au-dessus de sa photo. Que tous les candidats tentés de suivre Ciotti se le disent : ils se verront opposer des rivaux estampillés droite molle.
A ce petit jeu, qui croyez-vous qui gagnera, sinon Renaissance à l’état résiduel et, surtout, la NUPES reconstituée, après les anathèmes lancés mutuellement par ses différentes composantes, du PS au Nouveau Parti anticapitaliste, pendant la campagne des européennes, autour de la France Insoumise, dont le grand timonier Mélenchon se voit déjà Premier ministre ? Le Front populaire 2024 (à nous, Léon Blum !) s’opposant ainsi au front national constitué par le RN et les LR canal Ciotti. A la grande satisfaction d’Emmanuel Macron qui espère voir Renaissance, pourtant sorti essoré du scrutin du 9 juin, jouer les arbitres dans une Chambre des députés devenue ingouvernable, mais qui ne pourra être dissoute avant juin 2025.
Le cas Ciotti
Il est certain qu’en acceptant le « pacte avec le diable » mariniste, le député de Nice a obéi à des préoccupations électoralistes comme l’en accusent ses anciens amis devenus contempteurs. Lesquelles ?
Selon des sources citées par Le Parisien de mercredi, Ciotti aurait exigé qu’il « n’y ait pas de deal entre le RN et reconquête ! », à seule fin de « s’épargner dans sa circonscription la concurrence de Philippe Vardon, directeurs de campagne de Marion Maréchal, homme fort de l’extrême droite niçoise et rival pour la mairie de Nice ». Mais l’intéressé n’était nullement menacé dans sa circonscription et son ambition, avant la mairie de Nice, est un portefeuille. De préférence le ministère de l’Intérieur.
D’autre part, il est certain que, faisant mentir l’ami Galet qui redoutait ici qu’en cas d’accord entre Marine et Marion, « le tandem Estrosi-Ciotti se reconstitue pour le saboter », la haine, si vivace depuis des années entre les deux frères ennemis l’a finalement emporté chez le second. De plus ulcéré par le fait que, saisi par des élus de l’ex-NUPES mais surtout par le chef de l’État (auquel Estrosi s’était rallié avec éclat), le Conseil constitutionnel ait annulé tous les amendements que, soutenu par le groupe RN, il avait fait adopter lors de l’examen de la (dix-huitième) loi dite sur l’immigration. Censure qui a vidé la loi de toute substance.
De plus, ancien président d’un conseil départemental, Ciotti connaît parfaitement la carte électorale et I’état d’esprit (angoissé) des élus de base LR, très loin de l’irénisme cultivé par certains hiérarques du parti. Il sait à quoi s’en tenir sur la rage des électeurs, exaspérés par le laxisme envers les prétendus « exilés », surtout extra-européens, qui pourrissent la vie de l’électorat gaulliste, entre narcotrafic, rodéos sauvages, « incivilités » et assistanat aux dépens des indigènes pauvres, de plus en plus nombreux.
Écouter les électeurs…
Ce n’est ainsi pas un hasard si Christelle d’Intorni, député sortant LR de Nice élu en 2022 contre la dauphine d’Estrosi, a salué « le choix courageux » de Ciotti, choix « qui était attendu par les électeurs et par les militants », car « l’enjeu est d’entendre ce que veulent ses électeurs, ce que disent les urnes. Aujourd’hui nous devons écouter ce que disent nos électeurs ».
A l’évidence, c’est aussi parce qu’elle a « écouté ce que disent ses électeurs » qu’à la surprise générale, Brigitte Barèges, maire de Montauban — ville devenue très exotique — et patronne de la droite tarn-et-garonnaise, vient d’annoncer sa candidature à la députation contre la socialiste sortante Valérie Rabault, élue au second tour des législatives de 2022 avec 59 % des voix contre le RN Pierre Pomar. Deux ans plus tard, il se pourrait que M. Pomar soit à nouveau candidat, mais cette fois comme suppléant de Mme Barèges qui, lors du même scrutin, avait retiré le candidat LR dans la 2ème circonscription, favorisant ainsi la victoire(55%) de la mariniste Marine Hamelet.
Devant la menace du néo-Front populaire toujours plus immigrationniste, comment les électeurs jugeront-ils le pronunciamento soi-disant républicain fatal à Ciotti, au contraire soutenu par la majorité des militants et des élus locaux ? Répondront-ils en masse à la pétition lancé par l’exclu pour le « rassemblement des droites » et, surtout, se mobiliseront-ils les 30 juin et 7 juillet ?
Camille Galic
- Ses colistiers Guillaume Peltier, Nicolas Bay et Laurence Trochu ayant été également exclus, des cinq députés zemmouristes élus le 9 juin, surtout grâce à Marion, ne reste donc que Sarah Knafo.
- Le 9 juin à Crépol, où le jeune Thomas avait succombé sous les coups (de couteau) d’une dizaine de racailles, la liste Bardella a doublé son résultat de 2019, frôlant les 50%. Et la même liste a obtenu 36% des suffrages à Oradour-sur-Glane en ce 80ème anniversaire de la tragédie qu’un Macron éploré devait commémorer le lendemain, prétexte à ostraciser l’«extrême droite ».
Concernant les élections législatives des 30 juin et 7 juillet, on peut prédire sans prendre grand risque que le RN arrivera en tête, devant le bloc de gauche et le bloc centriste. Actuellement, le RN est donné à 32 %, la gauche à 25%, la Macronie à 19 %. L’état des finances publiques est plus qu’alarmant. À partir de là, soit le RN disposera d’une majorité relative et sa marge d’action sera très limitée, voire paralysée. Soit il bénéficiera d’une majorité absolue, mais devra alors gérer l’incroyable merdier résultant de sept années de Macronie. Il est loin d’être assuré que le RN dispose du nombre nécessaire de membres compétents pour gouverner efficacement ; ce qui était le cas du FN. Il n’est que de citer les Mégret, Blot, Bardet, Le Gallou, Lang, Martinez, Descaves, Milloz, Vial, etc.
Oui, la dissolution voulue par Macron, à la veille de l’été et des JO, peut se révéler un piège redoutable pour l’opposition nationale qui aurait intérêt à penser sérieusement à la suite des évènements…
Le président français Macron a provoqué l’instabilité du pouvoir avec la décision d’organiser des élections, et la Banque de France a ajouté de l’essence au feu de joie. La Banque de France a revu à la baisse ses prévisions de croissance économique pour les deux prochaines années, car les coupes budgétaires ont un impact négatif.
La Banque prévoit une croissance du PIB de 1,2 % en 2025, contre 1,5 % en mars. La croissance est freinée par la hausse des prix de l’énergie.
Ayant voté (sans espoir ) le 9 juin pour la liste Forteresse Europe si courageusement conduite par Pierre-Marie Bonneau, je partage cependant tout à fait l’avis de Thomas Joly, président du Parti de la France qui avait appelé à voter pour Reconquête et selon lequel l’implosion de ce parti « est un spectacle désolant ». Son commentaire mérite d’être cité : « Cette rupture brutale entre Marion Maréchal et Éric Zemmour a pour origine une atmosphère interne totalement irrespirable tout au long de la campagne des Européennes.Il n’y a aucun intérêt à tirer sur une ambulance et à prendre parti dans ce divorce houleux à torts partagés.Néanmoins, on ne peut que regretter un immense gâchis directement imputable à un amateurisme consternant et à un très décevant Éric Zemmour qui a laissé des egos de bonnes femmes torpiller son parti en à peine deux ans. »
De toute manière, Zemmour n’aurait jamais dû se risquer dans la politique, sans doute sous l’influence de Sarah Knafo. On a perdu un très brillant polémiste et magistral agitateur d’idées qui servait magnifiquement la cause nationale, et l’on a rien gagné en retour.
« un brillant polémiste et magistral agitateur d’idées servant la cause nationale »
Pladoyer pour un sayan qui a clamé « Je hais le Christ – le Christ c’est la mort » ?
Seul BH Lévy avait osé dire cela … en 1979, ce qui lui valut la réplique cinglante d’André Frossard : « Bernard Henry vient de nous montrer son visage de Satan ».