Nouvelle Calédonie

Nouvelle-Calédonie : cinq églises et un presbytère incendiés en un mois. Qui en parle ?

Le 22 août, deux jours avant l’incendie à la Grande-Motte de la synagogue Beth Yaakov, qui a tant ému tout notre Establishment, l’AFP signalait que, « pris pour cibles, entre rage et symboles de la colonisation », par les émeutiers kanaks toujours enragés trois mois après le début des violences, « cinq édifices catholiques ont été incendiés entre le 14 juillet et le 15 août, dont l’église Saint-Louis, reconnue comme le berceau de l’Église catholique sur l’archipel ». Le presbytère de l’église Saint-François-de-Sales à Thio a ensuite été « totalement ravagé par les flammes dans la nuit du 19 août », dans l’espoir sans doute qu’y périrait le prêtre y résidant.

4,2 milliards d’urgence pour sauver le « Caillou »

Bien qu’en Nouvelle-Calédonie, la gendarmerie ait ouvert des enquêtes, aucun des incendiaires n’a jusqu’ici été identifié. Mais qui s’en soucie en métropole ? Le « Caillou » est si loin…

Il se rappelle pourtant à notre bon souvenir avec la demande envoyée le 27 août à Paris par le Congrès de Nouvelle-Calédonie (pourtant dominé par le FLNKS et ses satellites indépendantistes) d’une aide d’urgence de 4,2 milliards d’euros seule susceptible « d’assurer le sauvetage du pays dans un premier temps, et, dans un second temps, d’engager sa reconstruction » après trois mois de destructions et de sabotages systématiques de tous les outils de production comme des commerces. Sur les 68 000 travailleurs du secteur privé, 24 000 ont en effet déjà perdu leur emploi ou se retrouveront très prochainement au chômage. Le plan de reconstruction et d’accompagnement financier économique et social qu’est appelé à financer l’État français est donc « essentiel pour permettre la survie de notre pays qui est en voie de clochardisation », affirment les élus qui soulignent que « la situation dans laquelle nous sommes, au-delà de la responsabilité des acteurs locaux, relève au premier rang de la responsabilité de l’État ».

On se souviendra en effet qu’avant de décider souverainement la dissolution de l’Assemblée nationale, avec les conséquences dramatiques qu’on sait puisque, depuis près de deux mois, la République est une femme sans tête, le cabinet Attal démissionnaire se contentant de gérer les affaires courantes, c’est Emmanuel Macron qui avait donné son aval au projet de loi constitutionnelle adopté en mai dernier en vue d’élargir le corps électoral calédonien (gelé depuis les accords de Nouméa de 1998) pour les élections provinciales. C’est ce vote qui servit de détonateur — ou de prétexte — aux émeutes ayant depuis dévasté l’archipel.

Le 12 juin, le président de la République annonçait certes suspendre cette réforme afin de « donner toute sa force au dialogue entre les acteurs calédoniens sur l’avenir institutionnel de l’île ». Mais c’était trop tard, d’autant que les « acteurs calédoniens » ne sont pas seuls en cause. Derrière la scène s’agitent également les Chinois, les Australiens mais aussi les Etats-Uniens, via les prédicateurs évangélistes qui, « racisés » et disposant de fonds importants, obtiennent auprès des Canaques une audience toujours plus grande — politique d’ailleurs poursuivie sur d’autres continents telle l’Amérique latine, ce qui ne semble pas perturber pour un peso le pape argentin, uniquement préoccupé de convaincre les pays « riches » d’« élargir des voies d’accès sûres et légales pour les migrants » dont, le 28 août, il a condamné l’expulsion comme « un grave péché ».

De Nouméa à Nîmes, la même impuissance

Dans le Pacifique, le zèle déployé par les évangélistes a-t-il concouru aux incendies d’églises catholiques ?

En tout cas, on ne voit pas comment l’Elyséen pourrait résoudre la crise néo-calédonienne, fût-ce à coups de milliards injectés, alors qu’il est impuissant à maintenir un semblant d’ordre en France même.

On sait que l’Algérien qui s’en était pris à la synagogue héraultaise a été arrêté quelques heures plus tard à Nîmes. Précisément dans le quartier de Pissevin-Valdegour qui, malgré les largesses de la Politique de la ville, est devenue une telle zone de non-droit que va être démolie sa somptueuse médiathèque Marc-Bernard. Laquelle, voici quatre ans, avait cependant été entièrement rénovée à grands frais — 1 million d’euros, pris en charge à 80% par l’État et l’Union européenne, dans le cadre du Programme national de renouvellement urbain. Ce qui ne l’avait pas empêchée de demeurer le fief des dealers qui, selon Midi-Libre, squattaient son toit pour y installer des postes de « chouf » et « en étaient arrivés à dresser des checkpoints pour fouiller chaque jour les 18 agents affectés à la médiathèque, afin de prévenir d’éventuelles infiltrations de policiers sur leur territoire ». Seule solution : raser la bâtisse. Dénouement évoquant la vieille blague sur le mari cornard qui, pour se venger de son épouse infidèle, vend le canapé où se déroulaient les ébats adultères.

Présenté comme « drogué et déséquilibré » par son imam qui jure vertueusement lui avoir interdit l’accès de la mosquée de Pissevin, l’incendiaire de la Grande-Motte était sans doute un familier de la médiathèque, et sûrement pas pour y emprunter des vidéos de Disney. Reste à savoir si, jugé, le maboul supposé (un de plus) écopera d’une condamnation à la mesure de l’indignation provoquée par son forfait ou si, comme cela arrive trop souvent quand les cibles sont moins sensibles, il échappera à toute sanction, les psychiatres concluant à une « altération de son discernement » au moment des faits.

Camille Galic

(2 commentaires)

  1. Très intéressant article sur la Nouvelle-Calédonie, où j’ai servi, et qui a ravi le Nîmois d’adoption que je suis, désespéré par le naufrage de cette ville occupée. Dommage pourtant que Mme Galic n’ait pas rappelé le tout récent incendie du nouveau poste de police édifié à Pissevin. L’inauguration, prévue le 26 août en présence de Gérald Darmanin, a bien sûr été annulée. Et, le 28 août, c’est un bâtiment administratif de l’École nationale de police située dans le quartier de Courbessac qui a été la proie des flammes. La guerre est déclarée à Nîmes (où l’on compte sept mosquées), et la France l’a déjà perdue.

  2. Le 27 août, le Congrès de Nouvelle-Calédonie (pourtant dominé par le FLNKS, Front de libération national kanak) exigeait de Paris une aide d’urgence de 4,2 milliards d’euros afin « d’assurer le sauvetage du pays » ravagé par trois mois d’émeutes, de destructions et d’incendies orchestrés par Christian Tein, leader de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) et, de ce fait, détenu en métropole depuis le 23 juin.
    Or, le 31 août, décidant de mordre la main qui le nourrit, qui le FLNKS a-t-il donc choisi pour nouveau président ? Le même Christian Tein ! Provocation inouïe qui n’empêchera sans doute pas l’Etat-Macron de cracher au bassinet.
    A l’aube du 2 septembre dans le Pas-de-Calais, l’incendie de la sacristie de l’église de l’Immaculée Conception, la « cathédrale de Saint-Omer. Le sinistre s’est rapidement propagé à tout le sanctuaire, restauré il y a cinq ans, et le clocher s’est effondré. Une centaine de pompiers sont mobilisés et une soixantaine de riverains ont dû être évacués. Quasi-silence dans les médias : il s’agit d’un lieu saint catholique et nul ne se souciera d’envisager une piste criminelle.

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