Dixie

Le Sud n’a pas dit son dernier mot

La sécession est un terme qui revient de plus en plus souvent dans le discours public, alors que notre société se balkanise à une vitesse incroyable, les tensions entre les différentes communautés ne cessant d’augmenter, alimentées par les théories woke diffusées dans les médias et par les fractures béantes du modèle diversitaire.

En conséquence, les régionalistes, autonomistes ou indépendantistes ont le vent dans les voiles, que ce soit les Écossais ou les Catalans, sans oublier les Bretons, les Normands, les Corses et les Basques. Mais l’Amérique aussi a ses sécessionnistes, que ce soit au Québec, évidemment, mais aussi en Alberta, présentement gouvernée par une autonomiste, et aussi au sud des États-Unis, le Dixieland. Battu par les armes et mis à genou durant l’épisode de la « Reconstruction », il n’en demeure pas moins que le Sud a une culture qui lui est propre et que l’esprit de de liberté qui poussa les tuniques grises à se lever contre Washington continue de souffler.

Padraig Martin fut l’un des participants aux grandes manifestations de Charlottesville en 2016. Incarcéré pour sa participation, il eut le temps de réfléchir. Alors que la plupart des détenus passent leurs journées à manigancer, il a profité de ces mois à l’ombre pour s’éduquer avec une idée en tête : comprendre ce qui faisait en sorte que certaines révolutions fonctionnaient et d’autres non. Appliquant ses observations à la situation actuelle, il en est arrivé à un constat : les États-Unis sont au bord du gouffre et si les nationalistes sudistes manœuvrent intelligemment, et non pas avec des coups d’éclat inutiles et dommageables, ils ont une chance de réussir là où leurs aïeux ont échoué.

Mais cette cause est telle toujours aussi pertinente? Pour le démontrer, Martin a réuni une douzaine de plumes pour qu’ils exposent les raisons pour lesquelles ils ont épousé le nationalisme sudiste. Le résultat est The Honorable Cause : A Free South, qui figura dans le palmarès de ventes d’Amazon.

Rebecca Dillingham résume la pensée des différents auteurs réunis dans cet ouvrage lorsqu’elle écrit que : « L’Amérique est fichue. En clair, on ne peut pas sauver « une nation » qui n’a pas d’attributs « nationaux ». Les États-Unis sont devenus un État gestionnaire, un mastodonte administratif sans contraintes géographiques, géopolitiques ou morales. C’est une masse amorphe composée de territoires polyglottes bricolés par des fictions séculaires, des fantasmes utopiques, le consumérisme, la convoitise, la dégénérescence et l’orgueil démesuré. Pourtant, le Sud est distinct. »

En effet, dans cette Amérique balkanisée, au bord de l’implosion, le Sud a son identité propre, à même de résister à la chute de l’empire américain.

Il ressort de ces textes l’amour d’une patrie et d’une culture bien à part. Bien qu’ils parlent anglais et partagent la même religion, le Sud est davantage de tradition agraire, d’origine celte et possède sa culture qui lui est propre, tant au niveau musical que culinaire, avec un je-ne-sais-quoi d’européen. Leurs héros, leurs martyrs et les idoles ne sont pas les mêmes qu’au ord. Ce n’est donc pas, comme pour les Albertains, une simple question d’argent. Cette culture fut forgée dans le feu de l’histoire. Contrairement aux stéréotypes véhiculés sur le Sud, ce n’est pas au nom de l’esclavagisme qu’on parle de sécession, un mythe tenace pourfendu par notre collègue Alain Sanders, mais pour la liberté de vivre selon ses coutumes et traditions.

Qu’on le comprenne bien, le Dixieland est une nation organique et en possédait tous les attributs avant la guerre de Sécession. Le nationalisme sudiste vise justement une chose : la préservation de ce peuple, qui comme tous les autres, est unique et mérite de survivre.

Contrairement à ce que certains yeux extérieurs pourraient penser, il ne s’agit pas non plus d’un « nationalisme blanc » à la sauce régionale ayant comme but de légitimer la cause. Si le nationalisme sudiste a définitivement une dimension ethnique, il ne poursuit pas les mêmes objectifs que l’Alternative Right américaine.

La sécession, qui en 2021 recevait l’appui de 44% des habitants de Sud, ne vise évidemment pas à recréer un copie des États-Unis du Sud, une version réduite de cette Babylone mondialiste qu’est devenu ce pays dont le déclin est indéniable. Ce que veulent les auteurs de ce livre, c’est une nation nouvelle, basée non sur des délires de grandeurs, mais sur le mode de vie traditionnel d’un Sud qu’on n’a pas réussi à assimiler.

Rémi Tremblay

Sous la direction de Padraig Martin, The Honorable Cause : A Free South, Twelve Southern Essays, auto-édition, 300 p., 2023.

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