Lors d’une conférence intitulée « Choose Europe for Science », Macron et Ursula von der Leyen annonçaient de nouveaux investissements, de l’ordre de 100 millions d’euros pour la France (il n’y a pas plus urgent ?) et de l’ordre de 500 millions d’euros pour l’Union Européenne dans son ensemble. Sans détails précis autres qu’idéologiques.
Lors de son discours, Macron est apparu pour ce qu’il est : un professionnel aguerri de l’inversion du réel. L’objet de la conférence était de s’adresser en priorité aux chercheurs américains, afin de les faire venir en Europe et en France car ils seraient victimes d’une sorte de chasse aux sorcières. La réalité ? Le gouvernement américain procède à un rééquilibrage devenu nécessaire au vu des orientations démocrates, gauchistes et woke devenues majoritaires. De ce fait, la première chose que Macron ne dit pas c’est que les chercheurs qui vont être accueillis pour poursuivre leurs recherches, à coup de millions, seront des chercheurs de gauche, dont les recherches sont centrés sur « les minorités », le genre, le wokisme, les sexualités marginales etc. Pour Macron, l’Europe doit devenir « un refuge ». A croire que les Etats-Unis seraient devenus l’Allemagne nazie de 1939.
L’hypocrisie était à son comble dans les mots du discours de Macron. Ainsi, quand il disait qu’ « aucun diktat qui consisterait à dire qu’un gouvernement » puisse interdire « de chercher ceci ou cela », « qu’il s’agisse de la santé des femmes », « des cyclones », ou « du climat ». Inversion du réel. Car c’est exactement ce que font la France et l’Union Européenne, ainsi que l’ont prouvé les auteurs de l’excellent livre collectif récemment paru Face à l’obscurantisme woke (PUF, avril 2025, 455 p, 22 euros). L’essentiel de la recherche dans des domaines comme les sciences humaines et sociales, mais aussi en biologie, et de plus en plus dans les sciences dures, ont besoin de budget importants. Ces budgets sont massivement attribués sur des crédits européens. Or, les chercheurs sont contraints, s’ils veulent percevoir des budgets suffisants, d’inscrire leurs travaux dans l’air du temps : plutôt le genre que la paysannerie sous Louis XVII donc. Ce n’est pas un détail : ce sont ces travaux, et donc les thèses, qui permettront d’obtenir des postes dans les universités ou au CNRS. Ainsi, par simple stratégie une masse de plus en plus importante de chercheurs français oriente ses travaux dans les divers domaines du wokisme, dont par exemple le décolonialisme, la créolisation, l’islam ou les prétendus discriminations dont seraient victimes les populations issues de l’immigration.
Ainsi, des chercheurs massivement woke vont venir s’agréger en France à d’autres chercheurs tout aussi massivement woke. C’est cela que Macron appelle la « liberté de la recherche », sans obéir à aucune contrainte étatique ou idéologique. Il y a fort à parier que le président de la République y croit réellement, ce qui est encore plus inquiétant. Vivre hors sol à un tel point n’est pas donné à tout le monde. Outre ce problème de la liberté de la recherche en France, et non pas aux Etats-Unis, ce que les idéologues macronistes ne voient pas, se pose aussi un véritable problème social : nos chercheurs vont se retrouver d’un coup, comme s’ils n’étaient que la cinquième roue d’un carrosse déjà bien détérioré, car l’état de la recherche en France est loin d’être grandiose, mis en concurrence directe avec les chercheurs venus d’outre-Atlantique. Or les chercheurs Français vivent pour la plupart dans la précarité. Dès 2023, le quotidien Le Monde, qui encense pourtant aujourd’hui l’initiative macro-européiste, indiquait que « la précarité des chercheurs menace la liberté académique ». Leurs conditions d’emplois sont mauvaises, de plus en plus dégradées, ils sont majoritairement en CDD, à temps partiel, avec des revenus faibles donc. Nombreux terminent leur thèse en touchant les allocations chômage, d’autres touchent des minima sociaux, font des petits boulots… Au bout du compte ? S’ils ne sont pas woke, il n’y aura pas de porte d’entrée. Pas de Graal. Aucune qualification sur le marché du travail, et un âge déjà avancé sans CV. Bienvenue aux wokistes américains. Merci Macron.
Paul Vermeulen
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