Je ne prétends pas être une cinéphile. Je laisse ce terrain à Manuel Heu, sur Radio Courtoisie, ou encore à notre cher Jean Tulard, à Michel Marmin, à Michel Mourlet, Jacques Lourcelles, le regretté Eric Leguèbe et quelques autres, sans parler des grands ancêtres qui nous sont si chers : Maurice Bardèche et Robert Brasillach. J’avoue en outre que je ne suis plus capable de rester passivement devant un poste de télévision pour regarder défiler des images censées me raconter une bonne histoire. D’autant qu’on n’épluche plus les haricots, comme du temps de tante Mathilde, pour s’occuper les mains et ne pas avoir le sentiment de perdre son temps quand le film est trop mauvais ou trop long.
En revanche, la magie du grand écran, elle, opère toujours. Cela me vient certainement de mon enfance. Mes meilleurs souvenirs cinématographiques s’appellent en effet La 317e section, Hatari, La mélodie du bonheur, Les bérets verts, Fort Alamo, Les canons de Navarone, Le jour le plus long. Que des chefs d’œuvre ! Et les « Walt Disney », bien entendu, ceux fidèles à l’esprit de Walt Disney, pas les laborieux ouvrages de propagande LGBT d’aujourd’hui. En province, dans des salles aux trois quarts vides, et pour quelques euros seulement, on peut tenter de voir des films, choisis uniquement en raison de leur titre, ou sur la base d’une courte critique de Guilhem de Tarlé sur son blog « Je cinémate ». Et si le film n‘est pas bon, on peut partir avant la fin, sans remord et sans avoir le sentiment de s’être ruiné.
C’est ainsi que, la semaine dernière, je suis allée voir coup sur coup, presque au hasard, Ma langue au chat (j’adore les chats, et spécialement ma chatte Sissi, bien entendu) et The quiet girl. L’avis de l’ami Guilhem sur ce dernier film est assez contrasté. Il explique qu’il a hésité à en dire du bien « en raison d’une lenteur soutenue ». Pour ma part, j’ai adoré l’histoire de cette petite Irlandaise que l’on envoie chez un couple, des cousins qu’elle ne connaissait pas, le temps que sa mère accouche. L’histoire est celle d’une fillette que ce couple affectueux va apprivoiser (et vice-versa), l’histoire d’un amour de substitution, fait de petits bonheurs. Tout ceci dans une province irlandaise assez fruste, comme sortie d’un roman de Michel Déon. C’est un très joli film, une belle histoire, dans un environnement catholique qui a disparu depuis longtemps de nos campagnes à nous. C’est typiquement le genre de film qui ne passerait pas la rampe à la télévision, mais que l’on peut regarder avec plaisir – et en famille ! – au cinéma.
L’autre film Ma langue au chat, je l’avais choisi sur la base de son titre, et aussi parce que le nom de Zabou Breitman figurait au générique, et qu’elle a réalisé quelques bons films. Ma langue au chat est un titre de film comme aurait pu en trouver l’excellent Pascal Thomas (Mon petit doigt m’a dit, Pleure pas la bouche pleine etc.).
Mais là, j’avoue ma déception. Ce film est un pur nanar. D’abord le chat : au lieu d’être le fil directeur de l’histoire (le monde des humains vu à travers les yeux du chat, par exemple), le chat – ou plus exactement la mort du chat – n’est qu’un prétexte pour nous donner l’une de ces pénibles « comédies à la française ».
Dans un village du Lubéron une petite bande d’amis (de gauche, bien entendu) se retrouve pour fêter un anniversaire. Mais l’un des invités écrase l’animal, sans le faire exprès. Tout le monde est obligé de mentir à la propriétaire du chat, ceci pour des raisons différentes, qui tournent essentiellement autour d’histoires de fesses. Feydeau, Courteline ou Guitry auraient fait un chef-d’œuvre de ce mince scénario, alors que ce film est au contraire une catastrophe : tous les personnages sont antipathiques, politiquement corrects jusqu’au bout des ongles. La vulgarité et les poncifs nous sont assenés sans pitié. Avec un outing lesbien en apothéose. A fuir absolument !
Madeleine Cruz