Au bal des désirs perdus

Un dandy arpente la ville, il est en chasse pour assouvir son besoin de conquêtes galantes, quitte à s’asseoir sur tous les beaux principes aristocratiques qui noircissent les pages de son journal intime. Victor Sabran est un dragueur qui intellectualise ses techniques de drague mais est prêt à tout pour arriver à ses fins.

Sa voisine de palier, Magali Bavoir, tient aussi un journal intime. Femme célibataire, prof d’arts plastiques dans un bahut anonyme, elle coche naïvement toutes les cases de la morne modernité : elle qui veut déconstruire la subculture patriarcale de ses élèves se rêve croqueuse d’hommes mais finit par « radicaliser » sa haine du mâle grâce à une association féministe.

Le croisement fatal de ces deux solitudes sur un même palier produira le dénouement tragique, fruit gâté de notre époque.

Le remarquable troisième roman de Thomas Clavel n’est pas simplement un récit, il est le miroir littéraire de la faiblesse intime de notre société. Le mythe de Tantale évoqué en épigraphe est révélateur : le désir cache sa propre perte, grande est la haine dans le cœur des délaissés.

SDO

•Thomas Clavel, Le Jardin des femmes perdues, La Nouvelle Librairie, 318 pages, 18,20 euros. •

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