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De quelques vérités sur les déportations d’enfants

Il aura fallu plus de quatre-vingts ans à la bien-pensance pour convenir que les massacres de Katyn avaient été perpétrés par la police politique du NKVD — Brasillach enfin vengé, qui fut le premier journaliste à constater et à révéler la vérité  ! — et près d’un siècle pour que l’Holodomor — la famine sciemment organisée par Staline et une certaine intelligentsia juive pour punir les antisémites ukrainiens — soit reconnu comme génocide. Au rythme où vont les choses, l’heure est peut-être enfin arrivée pour convenir que plus de trente mille enfants grecs ont été déportés dans les pays satellites de l’URSS au moment de la guerre civile (1947- 1949) qui déchira le pays et laissa libre cours aux violences communistes du sinistre Markos et de ses sbires alors que le monde non communiste se voilait la face.

La tragédie des enfants grecs

La guerre civile grecque dura plus de quatre ans avec l’aide et la complicité des voisins de l’Hellade ( Yougoslavie, Albanie et Bulgarie) qui appartenaient au monde redécoupé par les accords de Yalta. Ces satellites de Moscou livrèrent armes et munitions à leurs camarades communistes, leur permettant même d’installer chez eux des bases de repli. Ce conflit bénit par Staline qui voulait une ouverture sur la mer Egée exacerba les haines et donna des ailes aux chefs de guerre communistes qui organisèrent rapts et exécutions sommaires dans les villages hostiles au marxisme.

Devchirmé à la soviétique

A partir de 1947, de nombreux enfants furent enlevés alors que leurs parents, considérés comme royalistes, avaient été tirés comme du bétail pendant que d’autres étaient arrachés de force à leurs familles. En effet, Markos Vafiadis, un des chefs communistes réputé pour sa cruauté, ordonna le recensement de tous les enfants de trois à quatorze ans habitant les régions contrôlées par ses troupes pour les diriger vers les pays frontaliers de la Grèce. A charge pour ces derniers d’en faire de parfaits petits apparatchiks qui retourneraient en Grèce prêcher la révolution. Nombre d’entre eux, après avoir fait halte dans le village de Bulkes, base arrière du PC grec en territoire serbe, prirent la direction, encadrés par des membres des jeunesses communistes locales, de la Roumanie, de la Hongrie ou de la Tchécoslovaquie qui les accueillit à bras ouverts dans la région des Sudètes, vidée de sa population allemande. Chantal Delsol, dans Le Matin Rouge, raconte ainsi la vie d’Ilios Yannakakis, spécialiste de l’histoire du communisme échaudé par l’invasion de Prague mais qui, qui dans sa jeunesse de militant marxiste, fut envoyé en Tchécoslovaquie pour diriger une école d’enfants grecs qui étaient préparés à devenir de parfaits petits communistes fanatisés.

En 1949, l’armée grecque l’emporta sur les partisans en décida autrement mais les enfants kidnappés demeurèrent prisonniers dans ces territoires rouges. Pendant ce temps-là, de nombreux villages d’Epire, de Thrace ou de Macédoine étaient devenus des villages sans enfants. Jusqu’en 1953, le bloc de l’Est resta sourd aux demandes de la Grèce et de la Croix-Rouge pour récupérer ces innocents. Un millier d’entre eux seulement sur les trente mille sauvagement arrachés à leurs familles seraient ainsi revenus de Yougoslavie et de Tchécoslovaquie, le monde libre refusant de considérer que ces déportations ressemblaient à s’y méprendre à la devchirmé ( l’enlèvement) pratiquée dans les territoires chrétiens de l’Empire ottoman afin d’augmenter le Corps des Janissaires ou de fournir de jeunes Circassiennes à quelque pacha avide de chair fraîche.

Géométrie variable

Afin de charger un peu plus le dossier déjà bien lourd de Vladimir Poutine, la Cour pénale internationale, qui s’était bien gardée d’appliquer les mêmes règles quand les Etats-Unis ont envahi l’Irak ou que Sarkozy a ordonné la curée contre Kadhafi, a lancé un mandat d’arrêt international pour crime de guerre contre le président russe et Maria Lvova-Belova, commissaire russe aux droits de l’enfant. Elle les accuse notamment d’avoir déporté en Russie des enfants ukrainiens. Depuis l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, de nombreux enfants ont été transférés en Russie et parfois même en Crimée. Russophones ou de parents russes, après la disparition de leurs parents souvent disparus sous les bombardements ukrainiens ou dans la confusion de la guerre et des lignes de front, à Donetsk et dans le Donbass, ils ont été confiés à des familles russes ou mis dans des orphelinats et ont ainsi échappé au pire.

En 1975, quelques semaines avant la chute de Saigon, les Etats-Unis avaient lancé une opération visant à évacuer des enfants vietnamiens censément orphelins ou issus de liaisons des GIs avec des conghaïs. Baptisée Babylift, cette opération avait une légalité très incertaine, certains gosses ayant été enlevés malgré eux au cours de cargaisons chaotiques et mal organisées. Match nul en somme entre Washington et Moscou.

Françoise MONESTIER

Un commentaire

  1. Quel plaisir ! Après Anne Le Pape, Xavier Eman, Camille Galic, Francis Bergeron et bien sûr Chard, je retrouve coup sur coup Alain Sanders et Françoise Monestier. Petit à petit, l’équipe se reconstitue (en attendant de s’étoffer) et notre cher Présent revit.
    Tenez bon, chers amis ! On a besoin de vous.

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