Daudet

« Chine nationaliste » : les précieuses archives de Léon Daudet

Il s’est vendu aux enchères à Drouot, le 20 avril, un formidable lot de livres, de courriers, de documents divers, tout droit sortis des bibliothèques et des greniers de la famille Daudet. Ce sont des trésors qui ont été ainsi proposés aux admirateurs – encore très nombreux – de celui qui fut l’un des principaux agitateurs d’idées de l’entre-deux-guerres.

D’autant que la vente a également dispersé des correspondances de sa femme, Marthe, connue pour ses livres de cuisine, de son frère Lucien, et du patriarche de la famille, son père, le célébrissime Alphonse, bien entendu. Ce sont donc des archives familiales, de grande qualité, et même exceptionnelles, que se sont partagés les léondaudetistes, souvent d’anciens militants royalistes arrivés à l’âge où l’on ne colle plus d’affiches, où l’on ne trique plus les rouges… mais où l’on souhaite compléter et trier sa bibliothèque

Les amateurs se sont disputé plus de quarante manuscrits des livres de Léon Daudet. Les plus désirables d’entre eux étaient les manuscrits de ses mémoires et de ses textes politiques, souvent polémiques des manuscrits estimés à des prix somme toute très raisonnables, peut-on dire : 1000 à 1500 euros chaque manuscrit : Fantômes et vivants (1914), Devant la douleur (1914), L’entre-deux-guerres (1915), Salons et journaux (1916-1917), Au temps de Judas (1920), Vers le Roi (1921) etc. Un excellent prétexte pour relire ces récits hauts en couleur : les Camelots du Roi, les défilés de Jeanne d’Arc, interdits mais maintenus au prix de centaines de journées de prison, les bagarres à la Sorbonne. Dans les années 1970, m’a raconté tonton Brigneau, on pouvait encore croiser, au Quartier latin, d’anciens Camelots du roi, tout cabossés par la vie, qui avaient milité avec Daudet, qui avaient fréquenté la rue Boccador. « Tous sont morts et leurs casques rouillés… » comme dit la chanson. L’AF, ce fut vraiment une belle aventure.

« L’Action française à Léon Daudet »

Lors de cette même vente, d’autres manuscrits de Léon Daudet étaient estimés entre 500 et 700 euros : les romans, les textes sur Victor Hugo, Gambetta ou Clémenceau, et quelques ouvrages politiques plus tardifs, comme Député de Paris (1933), La police politique (1934), Panorama de la IIIe République (1936), ou encore Le drame franco-allemand, paru en 1940. Ces manuscrits-là étaient estimés entre 400 et 500 euros.

Tous ces livres, je les ai déjà, bien entendu, légués par Mathilde Cruz – ils ne sortiront jamais de la famille -, mais si j’avais pu assister à cette vente, je me serais volontiers laissé tenter par « un ensemble de bureau en bronze offert à Léon Daudet et comprenant coupe-papier, porte-plume etc. dans un écrin sur lequel sont gravés ces mots : « L’Action française à Léon Daudet » (texte du catalogue de la vente).

Comme j’envie l’heureux bénéficiaire de ce joli lot !

Madeleine Cruz

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