censure

Des professeurs mis à pieds pour délits d’opinion ?

La liberté d’expression est « une et entière », on ne peut efficacement la défendre que dans son intégralité, et pour tous, même – et surtout – pour ceux dont les opinions divergent des nôtres, voire nous heurtent. C’est pourquoi toutes les atteintes à cette liberté – ou tout moins ce qu’il en reste après tant de mesures restrictives et de lois liberticides – doivent être dénoncées.

Ainsi, la mise à pieds pour trois mois de deux professeurs de philosophie en raison de leur activité sur les réseaux sociaux peut apparaître comme une nouvelle dérive inquiétante d’un pouvoir macronien de plus en plus liberticide.

Pour le ministère de l’Éducation, les deux enseignants n’auraient pas respecté leur «devoir de réserve».

Franklin Nyamsi, qui enseigne à Rouen, et René Chiche, près de Marseille, tous deux professeurs agrégés, sont donc suspendus pour trois mois.

René Chiche a été suspendu à partir de la mi-avril Il est connu dans le milieu enseignant pour ses propos virulents sur une école qu’il juge à la dérive (qui le contestera?), le professeur est également vice-président d’Action et Démocratie, un syndicat d’enseignants minoritaire. Pour le ministère, ses critiques de l’état de l’enseignement en France « porteraient atteinte à l’image et la réputation du service public de l’Éducation nationale». Ce ne serait donc pas l’illettrisme galopant ou la violence régnant dans les établissement scolaires qui nuiraient à « l’image de l’Education Nationale » mais la parole de ceux qui se permettent de s’en émouvoir…

Franklin Nyamsi, lui, estime avoir été sanctionné pour ses «critiques contre la politique africaine de la France» et évoque une «persécution politique ». Le professeur de philosophe a contesté la sanction devant la justice, mais le tribunal administratif de Rouen l’a débouté de sa requête jeudi, selon une décision qu’il a rendue publique vendredi.

Ces sanctions, rares, suscitent une légitime inquiétude au sein du corps enseignant, l’association des professeurs de philosophie de l’enseignement public (Appep) s’interrogeant sur «l’usage que pourront faire les professeurs de leur liberté d’expression sans risquer d’encourir une sanction administrative, y compris lorsqu’ils critiquent les politiques mises en œuvre par le gouvernement».

Interrogé sur ces affaires, Pap Ndiaye, le ministre de l’Education Nationale, a estimé que les propos tenus par les deux professeurs de philosophie sont « outranciers, complotistes, injurieux, d’une très grande violence » et que les deux suspendus étaient « sortis du cadre du droit d’expression ».

Un cadre défini par Monsieur Ndiay et ses petits copains, excluant toute critique un tant soit peu radicale de leur catastrophique politique ? Cela semble malheureusement être le cas…

Xavier Eman

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