Le rassemblement « festif » dénommé Teknival, qui s’est déroulé dans un tout petit village du Berry, Villegongis, le week-end de l’Ascension, a réuni 30000 personnes, et fait couler beaucoup d’encre. Mais les vraies leçons n’en ont pas été tirées. Elles sont pourtant terrifiantes, et certainement pas à la gloire du gouvernement.
Le rassemblement avait été interdit, pour des raisons de sécurité : les « organisateurs », en l’occurrence un « collectif anonyme et autogéré », ne s’était occupé que de la programmation musicale mais aucunement du reste. Un extraordinaire laxisme du ministère de l’Intérieur a toutefois permis que se déroule en toute liberté cette « fête », qui était d’abord la fête de la drogue.
Les « teufeurs » ont pu se ressembler en profitant de cette étonnante tolérance de Darmanin, très soucieux du respect des interdits quand il s’agit de persécuter une poignée de militants pacifiques de « l’ultradroite ». Les drogués du Teknival n’ont pas subi, par exemple, la répression dont a été victime le malheureux activiste nationaliste Yvan Benedetti, arrêté et mis en examen pour avoir, le même jour ou presque que le rassemblement illégal du Teknival, déposé, tout seul, en silence, une gerbe de fleurs aux pieds de la statue de Jeanne d’Arc.
La puissance publique a au contraire apporté un appui logistique à la fête illégale des « teufeurs », avec la réquisition de 76 personnes totalement étrangères à la « fête », la mise en place de deux postes de secours, et de trois escadrons de gendarmerie (330 hommes). Et en effet 572 des participants ont dû bénéficier de soins ou de secours, dont141 en urgence absolue ou relative, essentiellement pour des overdoses. Car à la vérité cette « fête » ne fut qu’un vaste marché de vente et de consommation de drogue.
« Ici Bonne Herbe »
Le quotidien monopolistique local La Nouvelle République, de tendance NUPES, ne trouvait pas de mots assez dithyrambiques pour louer ce rassemblement, sa bonne ambiance, et la parfaite entente entre « teufeurs » et habitants du coin. Le maire du village lui-même semblait se réjouir de l’afflux de ces touristes assez particuliers. Le journaliste qui couvrait l’événement notait, béat, que dans le campement géant se trouvaient des panneaux indiquant : « Ici B.H. », ce qu’il traduisait, pour ses lecteurs, par la formule « Ici, Bonne Humeur », sans se demander un instant si de tels panneaux, fixés aux points de deal, ne signifiait pas plutôt : « Ici Bonne Herbe » ou encore « Ici Bon H », sachant que « l’herbe », « le H », désignent le haschich, dans le monde de la drogue.
Les articles de La Nouvelle République, proches de l’apologie de la drogue, ont toutefois suscité une forte réaction de ses lecteurs, au point que, le 30 mai, le quotidien monopolistique local, s’est senti obligé de publier une page entière de critiques à l’encontre de ce rassemblement et de son traitement dans les pages de la NR. Les lecteurs mettent en cause le fait que toutes les mesures sanitaires et de sécurité ont été opérées « par l’extérieur avec l’argent public et aux frais du contribuable, comme toujours ». « Où sont les critiques de ce festival qui était interdit ? » s’insurge un autre lecteur, mettant en fait en cause la couverture journalistique de la NR : « Il y a eu une consommation importante de drogue, d’alcool et, en plus, des accidents corporels », tout cela traité avec complaisance.
Pendant ce supermarché de la drogue du week-end Teknival, 713 procès-verbaux ont été établis, dont 155 pour conduite sous emprise de drogue (comme Palmade !) et 348 pour trafic ou détention de drogue.
De tels articles, et la tolérance du ministère de l’Intérieur, contribuent à banaliser le commerce et l’usage de la drogue : c’est un signe envoyé à un public globalement très jeune. Nul doute que le prochain Teknival attirera plus de monde encore.
Un avertissement solennel aux médias complaisants ?
Or il se trouve, après l’affaire Palmade, que les pouvoir publics ont enfin compris que la diffusion de la drogue ne tuait pas que les drogués, et les clans de dealers, mais qu’elle était sans doute l’une des premières causes d’accidents de la route. Quand Madame Borne nous annonce qu’elle est « en train de regarder » la possibilité de créer un délit d’homicide routier, tandis que Darmanin tolère l’intolérable et que Rima Abdul Malak, la ministre de la culture, ministre de tutelle des médias, ne se croit pas obligée d’envoyer un avertissement solennel aux journaux complaisants à l’égard de manifestations interdites du genre Teknival, est-ce une nouvelle illustration du « en même temps » ?
Agathon