Chers lecteurs,
Peut-être commencez-vous à me connaître, puisque Xavier Eman m’autorise, depuis le lancement du Nouveau Présent à m’adresser régulièrement à vous. Ma seule qualité était d’être la nièce de Mathilde Cruz, qui fit les beaux jours de Présent, dans les années 1980. Vous avez sans doute noté que je suis assez entière ; je tiens de Mathilde sur ce plan, et sans doute aussi du grand-oncle Brigneau, qui était un sacré « tonton flingueur », dans son genre !
Pour moi, c’est blanc ou c’est noir, mais le bistre, le gris ou le caca d’oie, je ne veux pas connaître. C’est bien pourquoi, quand Valeurs actuelles a été saisi de soubresauts, quand la rumeur d’un recentrage du magazine fondé par Raymond Bourgine s’est répandue, et quand son rédacteur en chef Geoffroy Lejeune a été « démissionné », et a rejoint le Journal Du Dimanche (JDD), je me suis dit que je lirais désormais le JDD, mais que je laisserais tomber Valeurs actuelles.
A l’issue des quarante jours de grève d’une rédaction JDD toute acquise au progressisme ambiant, j’ai donc fait partie de la cohorte qui s’est précipitée chez son kiosquier. Je considérais cet achat d’un JDD libéré comme un acte militant, et plus que cela, comme un pied de nez à l’intelligentsia d’extrême gauche qui monopolise la parole dans les médias de « sévices publics », pour parler comme le cher Goldnadel, mais aussi dans une grande majorité de médias du secteur privé (les journaux des groupes de Drahi, de Niel, de Perdriel et consorts). Même quand on lit Le Parisien, fondé après-guerre par le très anticommuniste Emilien Amaury, et qui appartient aujourd’hui à Bernard Arnault, première fortune mondiale, on est écœuré de découvrir sa complaisance à l’égard de LFI ou du PC, des dogmes socialistes et des dérives wokistes.
Il est donc bien agréable de trouver dans les kiosques un JDD nettoyé de sa mauvaise graisse marxiste (qui l’entraînait sur la voie de la faillite ou du renflouement financier perpétuel), de lire Pascal Praud, Christine Kelly ou Charlotte d’Ornellas. Et je ne remercierai jamais assez cette équipe courageuse, ainsi que Lagardère et Bolloré, qui ont ouvert une petite lucarne supplémentaire vers la parole libre dans un paysage médiatique encore largement dominé par toutes les formes de gauchismes et d’intolérances. Je vais donc continuer à acheter le JDD libéré, d’autant qu’il ne coûte que 2,20 euros alors qu’il ne comporte pratiquement pas de publicités, à l’inverse du JDD ancienne manière (merci les sleeping giants staliniens !).
Valeurs actuelles, c’est aussi Jeener, Maulin, Kasbi
Mais je ne vous cacherai pas qu’en parallèle je me suis remise à la lecture de Valeurs actuelles. Je l’achète en me cachant un peu, car tous les kiosquiers de mon quartier ont pris fait et cause pour le JDD, croyant que Valeurs allait tourner macroniste ou NUPES ! Ce qui n’est évidemment pas le cas.
Oui je me suis remise à la lecture régulière de Valeurs, car j’avais vraiment du mal à me passer des formidables critiques théâtrales de Jean-Luc Jeener. Jeener est le plus grand défenseur contemporain du théâtre. Et c’est une chance inouïe pour Valeurs qu’il s’exprime dans ses colonnes ! Jeener est tellement dévoué au théâtre qu’il s’occupe personnellement du Théâtre du Nord -Ouest, le TNO, situé au 13 rue du Faubourg Montmartre, dans le 9e arrondissement. Quand vous vous rendez au TNO, pour assister à une pièce, vous pouvez tomber sur Jeener… à la caisse, ou sur Jeener … sur la scène, en fonction des besoins et des défections. Cet homme est une sorte de Saint. Pour moi, il est l’égal d’un André Barsacq, avec son Théâtre de l’atelier, ou d’un Philippe Tesson, deux bienfaiteurs de l’humanité théâtrale.
Et puis, dans la rubrique littéraire, la signature d’Olivier Maulin et celle de François Kasbi me manquaient aussi. Ce sont d’excellents critiques, et Maulin est en outre un romancier original, imaginatif et drôle. Je l’ai découvert en lisant la revue littéraire Livr’arbitres et je suis devenue une fan, comme je suis fan de Slobodan Despot, de Benoît Duteurtre, de toute cette école de « nouveaux hussards ».
Je continuerai donc à lire chaque semaine Valeurs actuelles et chaque dimanche le JDD. En écoutant, toutes fenêtres ouvertes, Michel Sardou, dont je viens d’acheter l’intégrale (412 titres !).
Madeleine Cruz
Avant de nous inciter à lire Valeurs actuelles et le nouveau Journal du dimanche, Madeleine Cruz nous avoue être « assez entière » comme son grand-oncle Brigneau et précise : « Pour moi, c’est blanc ou c’est noir, mais le bistre, le gris ou le caca d’oie, je ne veux pas connaître. »
Or, justement, si les deux hebdomadaires cités ne sont évidemment pas rouges, disposent de bonnes plumes et réservent parfois de bonnes surprises (comme leur confrère Marianne d’ailleurs), ils me paraissent trop souvent tirer sur le bistre et le gris. Comme le « cher Goldnadel » du reste, dont je ne suis pas sûr qu’il était apprécié par Brigneau.