En dépit des propos lénifiants de l’exécutif et d’un relativisme ambiant destiné à minimiser la situation, le nombre de défaillances d’entreprises ne cesse de s’accroître depuis l’automne 2021, c’est-à-dire depuis l’arrêt progressif de leur perfusion financière, au nom du fameux « quoiqu’il en coûte » présidentiel, généreusement prodiguée aux entreprises frappées de plein fouet par la crise dite sanitaire. Avec 41 020 défaillances d’entreprises pour l’année 2022 et 48 673 sur les 12 mois glissants de juillet 2022 à juin 2023, la tendance haussière constatée laisse présager une année 2023 particulièrement difficile. Quant à 2024…
Constater pour s’en réjouir que le nombre de défaillances actuelles demeure à un niveau inférieur à celui de 2019 ne rassure en rien si l’on observe la dynamique du phénomène. En effet, rien que sur le premier semestre 2023, ce sont 25 300 chefs d’entreprises qui ont mis la clé sous le paillasson, soit 140 par jour, avant même le renchérissement notable des taux d’intérêt et le ralentissement économique accéléré de ces derniers mois.
Les principales victimes de cette hécatombe, neuf sur dix pour être plus précis, demeurent les petites et moyennes entreprises (PME) et les très petites entreprises (TPE) avec, respectivement, +33% et +55% au second trimestre 2023 vs la même période en 2022. Une situation qui devrait au moins en partie profiter aux grandes entreprises et aux multinationales bien que l’on assiste depuis peu à une remontée des défaillances d’entreprises de dimension nationale.
Ceci dit, la fin des aides trop généreusement distribuées à des entreprises vouées de toute façon à disparaitre aura permis d’occulter un temps les dures lois de l’économie en maintenant artificiellement et provisoirement à flot des canards boiteux indirectement subventionnés par les contribuables.
Un douloureux retour au réel
La fin des aides exceptionnelles donc, l’enfer fiscal français, la guerre en Ukraine, l’inflation qui détruit l’épargne et rogne pouvoir d’achat, le ralentissement de l’économie et la baisse de la consommation qui résulte de cet environnement laissent présager un avenir plus que difficile à court-moyen terme. Pour les entreprises, l’heure est maintenant au remboursement des prêts garantis par l’Etat, au paiement des cotisations sociales reportées et à la réduction de voilure aussi bien en ce qui concerne les effectifs et l’immobilier que l’ensemble des coûts. Par un effet de ciseau prévisible, la consommation décline mois après mois à mesure que s’alourdissent les charges, la fiscalité et les intérêts bancaires.
Le BTP, l’hôtellerie-restauration et les métiers de services figurent au premier rang des secteurs d’activité victimes de la crise économique et financière dont nous vivons d’inquiétantes prémices…
Arnaud Raffard de Brienne