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La sécurité est l’affaire de tous 

Entretien avec Henri Pétry, auteur, avec Raymond H. A. Carter,du livre Doctrine de la fédération française de tir des professionnels armés aux éditions Dualpha. (Propos recueillis par Fabrice Dutilleul).

« Enlever les armes aux citoyens honnêtes, c’est le risque de les amener à s’armer en toute illégalité et sans aucun contrôle »

Expliquez-nous ce qu’est la Fédération française de tir des professionnels armés, ses origines et ses buts…

La FFTPA a été créée le 19 mars 2019 par des actifs et des retraités des Armées, des F.O. et de la sécurité privée pour permettre à leurs camarades de l’active de s’entraîner dans les conditions normales pour l’emploi de leurs armes dans leurs fonctions. Outre le fait que les policiers et les gendarmes ont souvent des difficultés à trouver des stands de tir qui les acceptent, nous savons que les stands de la FFT, qui est une fédération sportive, sont inadaptés. En effet, un policier, un gendarme ou un militaire de la force sentinelle, confronté à une situation où il devra faire usage de son arme, doit pouvoir s’entraîner dans les conditions qu’il va rencontrer.

C’est-à-dire ?

Ces derniers évoluent dans un espace public, mettons un marché, là où les cibles ne seront pas en face d’eux comme elles le sont dans un stand de tir traditionnel. Les agresseurs seront devant, peut-être derrière ou sur les côtés. Le professionnel armé devra donc prendre ces éléments en considération, mais également la présence de la foule.

La création de stands de tir adaptés est donc indispensable.

Pourquoi avoir écrit une « doctrine » de la FFTPA ? Était-ce vraiment une nécessité ?

Oui, car nous abordons une discipline différente de celle du tir sportif. Le tir de défense, tel que nous le définissons, s’effectue dans le cadre très strict de la légitime défense. C’est ainsi que sont proscrits tous les termes militaires « tir de combat », « tir instinctif », etc. Cette doctrine permet donc à tous de parler le même langage. Nous avons également plusieurs avocats parmi nos adhérents et un colonel de gendarmerie spécialiste du droit qui nous permettent d’aborder l’aspect de la légitime défense.

À une époque où l’insécurité explose dans notre pays, pensez-vous qu’on devrait « éduquer » davantage nos concitoyens sur l’usage et la détention d’armes ?

Oui, tout d’abord parce que la sécurité est l’affaire de tous ; ensuite, même La Marseillaise le dit : « Aux armes, citoyens ! »… Il n’est toutefois pas question de tomber dans la folie de vouloir armer chaque citoyen. La FFTPA propose des programmes de formation destinés à préparer des candidats à différents ports d’armes. Nous en avons déterminé quatre progressifs : le port du diffuseur lacrymogène, le bâton de défense, le Taser et enfin, le port d’une arme de poing. Après un stage spécifique au port choisi, le candidat est jugé apte ou non. Si oui, la FFTPA lui délivre un avis favorable et l’État peut prendre sa décision.

Les armes et le tir de défense peuvent faire peur…

La peur n’évite pas le danger ! Plus sérieusement, il faut simplement préciser et encadrer cet aspect du tir. Une arme n’est pas dangereuse, c’est l’individu qui la détient ; soit il est inexpérimenté, soit c’est un criminel.

Et d’abord, qu’est-ce qu’une arme ?

On peut différencier l’arme par nature de l’arme par destination. Les couteaux et les voitures sont également dangereuses, surtout lorsque le conducteur est sous l’emprise de la drogue et/ou de l’alcool. Un parapluie, un club de golf, une bouteille, tous ces objets sont dangereux dans les mains d’un individu déterminé. Quant à enlever les armes au citoyen honnête, cela ne résoudra rien. Qui voudra commettre une agression ou un meurtre ne demandera pas une autorisation et un voyou trouvera tout ce qu’il veut au marché noir, surtout en période de conflits proches : le Kosovo, hier, l’Ukraine aujourd’hui. Il y a également urgence quand on entend un chanteur connu dire, au cours d’une émission de télévision de grande écoute, qu’il s’est inscrit dans un stand de tir pour pouvoir détenir une arme parce qu’il a peur. Il n’est pas le seul. Enlever les armes aux citoyens honnêtes et c’est le risque de les amener à s’armer en toute illégalité et sans aucun contrôle. Un récent sondage d’Opinion Way pour Le Parisien est révélateur. Les forces de l’État n’étant pas en mesure d’être partout, 45 % des personnes sondées sont favorables à la mise en place de milices armées.

Vous avez également écrit un Guide du garde du corps basé sur votre expérience au sein des Commandos Marine et de la Gendarmerie (GIGN et GSPR), expérience que vous adaptez pour la formation à la Sécurité, à la Sûreté et à la Défense privées. Dîtes-nous en plus…

Il s’agissait là d’accéder à la demande de mes anciens stagiaires. En fait, il va au-delà de la formation d’un garde-du-corps, c’est presque un guide du consultant en sûreté et je l’ai voulu le plus complet possible.

Vous serez présent à Milipol « événement mondial de la sûreté et de la sécurité intérieure des États » du 14 au 17 novembre prochain à Paris où vous présenterez vos ouvrages… De quoi s’agit-il ?

Milipol est le salon mondial de la sécurité qui se déroule tous les deux ans à Paris Nord. On y retrouve tous les acteurs de la sécurité et de la sûreté, mais aussi de la défense. Comme pour tout salon, c’est une opportunité de rencontrer des officiels, mais aussi de futurs partenaires ou de recruter des membres. Nous nous adressons actuellement aux professionnels français, mais il n’est pas inintéressant de rencontrer des professionnels étrangers. J’ajoute que dans notre fédération, nous avons un membre français qui travaille au Danemark pour une entreprise de blindage.

Doctrine de la fédération française de tir des professionnels armés, Raymond H. A. Carteret Henri Pétry, éditions Dualpha, Préface de Christian Ménard, ancien secrétaire de la Commission de la Défense et des Forces Armées (A.N.), ancien Député-Maire honoraire de Châteauneuf-du-Faou, collection « Patrimoine de l’Arène », 62 pages, 17 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici

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